Une Américaine a su, grâce à une savante promotion, faire de Frederik The Great l’étalon noir vedette du net et une véritable poule aux œufs d’or.
Il s’appelle Frederik The Great, sa robe est noire comme l’ébène et sa belle crinière tressée, combinée à une savante promotion via les réseaux sociaux, en a fait l’un des chevaux les plus célèbres et rentables du net.
Parfois surnommé «le Kardashian des chevaux», Frederik The Great, un étalon de race frison, rapporte déjà «près de 20 000 dollars par mois», selon sa propriétaire, Stacy Nazario. Et bientôt peut-être encore beaucoup plus grâce à une marque de shampooing et une minisérie télévisée en préparation à son nom. C’est aussi de la race des frisons, originaire de la région de Frise aux Pays-Bas, qu’est issu le célèbre cheval Zingaro du cirque Bartabas.
Frederik, lui, doit sa renommée à un habile marketing de Stacy Nazario. Après avoir passé en revue des milliers de photos de frisons, cette ex-propriétaire d’une entreprise du bâtiment, établie dans le très rural État de l’Arkansas, le fait importer des Pays-Bas en 2007.
Très vite, elle demande à une photographe professionnelle de venir faire une séance. Et se rend compte qu’il est extrêmement photogénique. «Il se comportait comme une vraie bête de scène», a-t-elle raconté lors d’un récent passage à New York. «Regardant droit dans l’objectif» et «capable de poser très délicatement ses naseaux sur un nouveau-né – un doux géant!».
Plus de cinq mille dollars la saillie
Elle poste les photos en ligne, crée un site internet, une page Facebook et un compte Twitter. Et petit à petit, le monde des réseaux, dont l’appétit pour les animaux semble parfois insatiable, s’empare de Frederik. «Le plus beau cheval du monde», n’hésitent pas à le baptiser certains. Les clics sur YouTube se multiplient, pour approcher aujourd’hui les 15 millions de vues. Stacy Nazario, désormais manager de Frederik à temps plein, sait comment alimenter la machine.
Des prises de vues en photo et vidéo sont organisées tous les deux à trois mois pour rafraîchir les images disponibles en ligne. La crinière, l’atout beauté numéro un de Frederik, fait l’objet de tous les soins avec des séances quotidiennes de peignage et tressage par Stacy Nazario elle-même. Et une coupe annuelle, durant laquelle on lui retire près d’un mètre de crin pour éviter que Frederik ne s’emmêle les sabots.
À New York fin septembre, Frederik a été non seulement l’une des stars du prestigieux Rolex Central Park Horse Show mais aussi l’invité d’une très populaire émission sur CBS, The Late Show with Stephen Colbert. Parmi les autres invités de l’émission cette semaine là figuraient Michelle Obama et Bruce Springsteen. Mais le statut de célébrité passe aussi par un accès sévèrement contrôlé. Stacy Nazario ne divulgue donc pas le lieu précis où se trouve son ranch en Arkansas, «pour des raisons de sécurité».
Elle n’a pas hésité à refuser deux propositions de films pour son protégé, préférant travailler à un projet de mini-série «qui montrera sa vie de tous les jours, les coulisses de son quotidien, sa personnalité…». Elle espère le voir aboutir à l’automne 2017. Les demandes de saillie, à 5 500 dollars chacune, affluent du monde entier mais sa propriétaire les trie là aussi sur le volet. «Il y a une liste d’attente», dit-elle fièrement.
Comme toute célébrité qui se respecte, Frederik pourrait aussi avoir bientôt sa ligne de produits de beauté. Stacy Nazario travaille à la mise au point de shampooings et après-shampooings au nom de l’équidé, une ligne «entièrement naturelle, utilisable tant par les chevaux que par les humains». Elle espère voir les premier flacons sur les rayons début 2017.
La manne de revenus n’est pas inépuisable, néanmoins. L’animal a déjà 15 ans et l’espérance de vie des chevaux frisons ne dépasse généralement pas la petite vingtaine d’années. Que pense Stacy Nazario de la comparaison avec la famille Kardashian, dont la célébrité tient beaucoup à l’art de se mettre en scène? «Je ne vois pas vraiment de ressemblance, si ce n’est qu’il a un gros derrière», dit-elle en riant.
Le Quotidien / AFP