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Françoise Hardy ne chantera plus


«S'il y a une raison pour laquelle je ne suis pas partie comme tout le monde le pensait, peut-être cette raison va-t-elle s'imposer d'ici quelque temps?»

Françoise Hardy arrête la musique : «J’ai donné ce que je pouvais donner de mieux», dit-elle. Affaiblie après «trois semaines d’inconscience et huit jours de coma», mais combative, l’idole des sixties avait déjà évoqué son combat contre le cancer sur RTL fin juin. Françoise Hardy, âgée de 71 ans, revient sur cette période très difficile, assurant au passage n’avoir plus du tout envie d’écrire de chansons: «J’ai toujours su qu’un jour ce filon serait épuisé.»

Françoise Hardy, qui mène un nouveau combat contre le cancer, assure avoir tiré un trait sur la chanson car, dit-elle, elle a « l’impression d’avoir donné ce qu'[elle pouvait] donner de mieux » en cinquante ans de carrière. « C’est curieux car j’ai toujours vécu en sachant de quoi j’avais envie et là, pour la première fois, je ne vois pas ce que je pourrais faire », confiait l’interprète de Message personnel dans la chambre d’une clinique où elle récupérait de nouvelles séances de chimiothérapie.

« S’il y a une raison pour laquelle je ne suis pas partie comme tout le monde le pensait, peut-être cette raison va-t-elle s’imposer d’ici quelques temps? », s’interrogeait Françoise Hardy, voix ferme malgré la fatigue. Elle a pu rentrer chez elle le week-end dernier après deux mois passés dans cette clinique et un printemps qu’elle qualifie de véritable « cauchemar ». L’idole des sixties désormais septuagénaire se bat depuis 2004 contre un lymphome, un cancer du système lymphatique.

27 albums en 50 ans

En mars, elle a brutalement interrompu la promotion de son dernier livre après une chute qui lui a causé de multiples fractures (fémur, coude, épaule). Hospitalisée, elle est restée inconsciente pendant près de trois semaines qui ont fait craindre le pire à ses proches : « Une partie des médecins pensaient que je n’avais aucune chance, ils ont appelé Thomas (NDLR : Dutronc, son fils) pour lui dire que c’était la fin et qu’il prévienne tout de suite son père (NDLR : Jacques Dutronc).

« Aujourd’hui, ça va mieux », souligne-t-elle, précisant que son traitement va se poursuivre jusqu’à la fin de l’été. « Moi qui suis contre les médicaments, j’ai pris plus de médicaments en quatre mois que tout le reste de ma vie… », souffle, fataliste, cette adepte de la phytothérapie, qui détaille dans son livre certaines expériences de médecine alternative pas toujours reluisantes.

Quant à la musique, elle assure n’avoir « plus envie » : « J’ai l’impression d’avoir donné ce que je pouvais donner de mieux. Faire des textes de chansons, c’est comme si on avait un petit filon en soi, et j’ai toujours su qu’un jour ce filon serait épuisé .» « Une autre raison, c’est qu’à partir du moment où je ne fais pas de scène (NDLR : elle a abandonné les concerts en 1968), on ne peut savoir ce que je fais que s’il y a une programmation radio et télé. Or, il y a de moins en moins d’émissions où je suis susceptible de passer. C’est complètement démotivant de faire un album quand on sait que personne ne va l’entendre », regrette celle qui a publié 27 albums en 50 ans de carrière, de Tous les garçons et les filles (1962) à L’Amour fou (2012).

Sa dernière expérience de studio pourrait donc être cette reprise de Seras-tu là? de Michel Berger, enregistrée en duo avec Julien Clerc pour l’album caritatif contre le sida Kiss & Love sorti l’an dernier. Moyennement séduite par les arrangements finalement retenus, elle précise avoir conservé dans un tiroir la version enregistrée avec sa seule voix pour une éventuelle publication future. Écrire ne serait-ce qu’une chanson pour le prochain album de Jacques Dutronc? Pas question, « je n’ai pas son esprit… », dit-elle.

« Il y a plein de textes de Thomas qui lui conviendraient. Chez le père et le fils, il y a la même forme d’esprit, mais pas chez moi. Moi, la seule chose qui m’intéresse, ce sont les belles chansons d’amour », évacue la chanteuse, qui a apprécié ces derniers temps les albums de son fils (« J’adore sa reprise d’Aragon »), de Calogero (« un très grand mélodiste ») ou même de Louane (« elle est fraîche »), mais se méfie des « chanteurs intellos ».

Françoise Hardy préfère aujourd’hui raconter ses coups de cœur littéraires, débattre des chances d’un Juppé ou d’un Fillon pour 2017, parler spiritualité ou défendre l’euthanasie : autant de sujets qu’elle aborde dans son livre Avis non autorisés (Éditions des Équateurs), succès du printemps en librairie avec 73 000 exemplaires écoulés. Une réponse, dit-elle, à l’« intelligentsia qui pense parfois détenir la vérité ».

AFP