Aux grands poètes la ministre reconnaissante: Roselyne Bachelot, en charge de la Culture, s’est dite mercredi favorable à l’entrée d’Arthur Rimbaud et Paul Verlaine au Panthéon.
Le nom de Mme Bachelot est le premier au bas de cette pétition révélée mercredi, avec tous les autres signataires. Toutefois le ministère a précisé que Mme Bachelot n’était pas directement signataire : elle soutient l’initiative.
« Ce ne serait que justice de célébrer aujourd’hui leur mémoire en les faisant entrer conjointement au Panthéon, aux côtés d’autres grandes figures littéraires: Voltaire, Rousseau, Dumas, Hugo, Malraux », lit-on dans cet « appel au président de la République », seul habilité à décider.
Il a été lancé à l’origine par un groupe d’intellectuels, académiciens et universitaires passionnés de Rimbaud et Verlaine.
Ceux-ci ont convaincu de signer entre autres tous les anciens ministres de la Culture, depuis Jack Lang (qui l’avait été à partir de 1981) jusqu’à Franck Riester (qui occupait le poste jusqu’en juillet). Mme Bachelot a été enthousiaste pour se joindre à eux, selon les promoteurs de la pétition.
Rimbaud (1854-1891) et Verlaine (1844-1896) sont deux des poètes les plus connus, adulés et commentés de la langue française.
Le premier est enterré dans sa ville natale de Charleville-Mézières (Ardennes), qu’il détestait, et dans le caveau familial, aux côtés, rappelle la pétition, de « son ennemi et usurpateur, Paterne Berrichon », un poète mineur qui épousa sa soeur et fit du tort à sa postérité.
Verlaine sous d’affreuses fleurs en plastique
Verlaine repose quant à lui au cimetière des Batignolles à Paris, également dans le caveau familial, « près du périphérique sous d’affreuses fleurs en plastique », selon les signataires de l’appel.
« Est-ce ainsi que la France honore ses plus grands poètes? », demandent-ils.
Les deux ont eu des démêlés avec les autorités. En 1873 à Bruxelles, un Verlaine ivre blesse légèrement Rimbaud en lui tirant dessus parce qu’il allait être quitté. Son jeune compagnon le lui pardonnera et refusera toute poursuite judiciaire.
« Mais le parquet belge et la police française ont monté un dossier à charge, dont les archives prouvent désormais qu’il fut lié à son rôle dans la Commune [soulèvement à Paris en 1871] et à son homosexualité. Il est resté 555 jours en prison, quand il aurait dû n’y passer que quelques semaines », estiment les signataires.
Les deux dernières personnalités transférées au Panthéon l’ont été sous le mandat d’Emmanuel Macron: l’ancienne ministre et déportée Simone Veil, avec son mari Antoine, en juillet 2018.
AFP