« Admiration » pour Hitler, « propos complotistes », paroles « antisémites »: les autorités françaises ont interdit mercredi deux concerts du rappeur Freeze Corleone, visé par une enquête pour « apologie du terrorisme ». Le rappeur doit se produire vendredi à la Rockhal.
La figure controversée du rap français a immédiatement contesté ces deux décisions devant la justice. Une audience devant le tribunal administratif de Lille (nord) est prévue jeudi matin, quelques heures avant son concert programmé le soir dans une salle de la ville comptant 7 000 places.
Une autre audience est prévue jeudi après-midi auprès d’un tribunal de Lyon (centre-est), deux jours avant un concert. « Freeze Corleone n’a jamais connu de condamnation pénale, et ses précédents concerts se sont toujours déroulés dans le calme », a réagi son avocat, Me Sanjay Mirabeau.
Mais pour les autorités françaises, « les paroles de plusieurs chansons » du rappeur de 31 ans contiennent « des propos complotistes, ouvertement antisémites et empreints d’une admiration pour la personne d’Adolf Hitler et le IIIe Reich », ce qui justifie l’interdiction du concert.
Sont également mis en avant par la préfecture située à Lille « des propos faisant l’apologie du terrorisme, qui font référence à l’attentat de Nice » du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais longeant la Méditerranée (86 morts et des centaines de blessés).
[Musique] Freeze Corleone en eaux troubles
« En défense j’suis Kalidou, t’es Lenglet. Burberry comme un grand-père anglais. J’arrive dans l’rap comme un camion qui bombarde à fond sur la… », chante Freeze Corleone dans sa chanson « Haaland », en duo avec le rappeur allemand Luciano, sortie la semaine dernière.
Ces paroles ont entraîné l’ouverture par le parquet de Nice d’une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme.
En 2020, Freeze Corleone (Issa Lorenzo Diakhaté de son vrai nom), avait déjà fait l’objet d’une enquête, finalement classée sans suite, pour « provocation à la haine raciale » après la diffusion de clips contenant notamment des paroles telles que « J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30 » ou « tous les jours RAF (rien à foutre) de la Shoah ».
Dénonçant des « propos racistes inacceptables », son label Universal Music avait alors annoncé la fin de « toute collaboration » avec le rappeur, mais son équipe a assuré mardi qu’il était toujours sous contrat avec la maison de disque.
L’avocat du rappeur compte mettre en avant jeudi devant la justice administrative de Lille que les chansons incriminées ne sont pas incluses dans le tour de chant de son client.