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Florent Toniello, vainqueur du Concours littéraire national


Florent Toniello.

Mardi à Mersch, Florent Toniello a reçu, pour son premier livre, Flo[ts], le premier prix du Concours littéraire national. Un ouvrage poétique autour de l’évolution des espèces.

Le Quotidien : Comment vous êtes-vous retrouvé dans ce concours littéraire?

Florent Toniello  : Étant correcteur aux éditions Phi et travaillant à la rédaction culturelle du Woxx , j’ai toujours un pied dans la littérature et je vois ce qui se fait. Avant la lecture du livre de Claude Schmit ( Émile. Un enfant des Lumières ), lauréat en 2014, je n’avais jamais véritablement porté d’intérêt à ce concours. Mais dans la foulée, quand j’ai appris que cette année il serait tourné vers la poésie, je me suis lancé.

L’écriture, est-ce quelque chose de nouveau pour vous?

Non, j’ai commencé à écrire vers mes 16-17  ans, avant d’arrêter pendant près de 25  ans, en raison de mon métier de manager et de mes responsabilités au sein d’une multinationale à Bruxelles. Je n’avais plus le temps de le faire, mon seul hobby «littéraire» étant de corriger des livres électroniques qui allaient paraître. C’est seulement à mon arrivée au Luxembourg que j’ai pu m’y remettre, après un changement de carrière complet. Là, j’ai commencé, en vue de correction, à recevoir des recueils de poésie, et je me suis dit : « Tiens, c’est moderne, c’est intéressant »… J’aimais déjà cela à l’époque, et ces retrouvailles m’ont amené à me replonger dans cette écriture. Ça change, en tout cas, des présentations PowerPoint et documents Excel pour présenter des budgets (il rit) !

Justement, en quoi la poésie vous plaît-elle autant?

La puissance de l’expression. Dans la poésie, il y a une concision et une polysémie du sens très importantes. Le lecteur doit se guider lui-même car on ne lui donne pas quelque chose de tout cru à se mettre sous la dent. Il y a toujours un effort à faire. De plus, elle change tout le temps  : selon l’humeur, elle ne dit plus la même chose. Enfin, avec la poésie, on peut picorer des instantanés. J’ai toujours, à ma portée, des livres aux coins cornés. J’en ouvre un, et en 30  secondes, je me transporte dans un univers complètement différent. C’est très fort, et très bref à la fois. Ces petites parenthèses me font un bien fou!

Pouvez-vous synthétiser Flo[ts] ?

Quand j’ai commencé à écrire, je n’ai pas pensé au livre dans son ensemble, même si aujourd’hui, il peut se lire du début à la fin. Il est pensé comme ça, selon la thématique de l’évolution –  au sens darwiniste du terme  – à savoir du début de la Terre au futur de l’humanité. Mais c’est arrivé à maturation après huit mois de rédaction. Au départ, c’était plutôt le fruit de mes balades le long de l’Alzette, au parc Laval où je passe tous les jours. Je regarde cette rivière et je me dis souvent  : « Elle était là bien avant nous et le sera encore bien après. » J’imagine alors qu’est-ce qu’elle pourrait me raconter. Au fil de ces petits poèmes, les minéraux, les végétaux, les animaux puis les hommes… et les cyborgs se sont invités dans la danse. D’où ce fil rouge autour de l’évolution des espèces.

Quel est votre point de vue sur cette récompense?

Il y a, d’abord, une petite satisfaction mesquine de se voir remettre un prix par une ministre qui a dit qu’elle n’aimait pas la poésie (il rit) . En même temps, beaucoup de gens qui pensent la même chose ne le disent pas… Ensuite, ce prix est important pour moi simplement parce j’ai 43  ans et que j’ai du temps à rattraper. Ce prix m’aide beaucoup, car il donne une certaine valeur à ce que j’écris. C’est un coup de pouce! Au moins, là, j’ai la motivation et la légitimité pour poursuivre dans cette voie littéraire, surtout que je n’ai pas envie de refaire mon boulot d’avant! Enfin, ça valorise un travail  : on peut passer huit mois sur un livre pour qu’il finisse anonyme, détruit au pilon. C’est dur…

Vous allez donc devenir le correcteur de vos propres ouvrages…

(Il rit) Paradoxalement, mon texte est le moins bien corrigé de tous les autres des éditions Phi, puisqu’il reste cinq coquilles (NDLR  : fautes). L’histoire, c’est qu’un autre de mes livres devait paraître avant Flo[ts] , mais le prix a bousculé un peu l’agenda, sachant qu’il devait alors sortir pour les Walfer Bicherdeeg. Du coup, je me suis concentré sur la mise en page. J’espère que les gens ne les verront pas trop. Pour ceux intéressés, qu’ils se réfèrent aux pages 15, 19 62, 88 et 102. Je le sais par cœur!

Grégory Cimatti

Flo[ts] , de Florent Toniello. Éditions Phi.