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Flamenco festival d’Esch : ça démarre ce vendredi soir !


La treizième édition du Flamenco festival d'Esch-sur-Alzette démarre ce vendredi soir au théâtre, puis se prolonge à la Kulturfabrik (Illustration : DR).

En s’ouvrant, par la danse, à la question de genre, et par l’image, aux notions d’intégration, de handicap et de précarité, le FlamencoFestival Esch, qui s’ouvre ce vendredi soir, déploie un large «éventail social».

Il y a cinq ans, Jésus Iglesias, fidèle représentant du Circulo Machado – et par extension, du festival – avançait dans nos colonnes, son scepticisme quant à l’implication du flamenco dans une Espagne ruinée, en crise : «C’est un art plus individualiste que collectif», disait-il, précisant qu’en cas «d’engagements politiques, cela naît avant tout d’une réaction citoyenne». Alors que le FlamencoFestival Esch célèbre, dès ce vendredi soir au théâtre d’Esch, sa treizième édition, il a revu sa copie, ne se dépareillant pas de son généreux sourire. Et pour cause, la programmation couvre cette année «un large éventail social».

L’humanité et les combats du flamenco
Bon, pas question encore d’aborder, en danse ou en musique, la question sur l’absurde législation antiterroriste en Espagne, ni d’évoquer la volonté d’indépendance de la Catalogne et ses réactions musclées, mais il est vrai que certains sujets contemporains seront mis sur le tapis, à l’instar de ce spectacle d’ouverture « Reversible » (ce vendredi à 20 heures), sur la notion d’identité et de genre. Le flamenco, vu de l’extérieur comme machiste, serait finalement plus ouvert qu’il n’y paraît. «Les homosexuels, notamment sous Franco, étaient mieux acceptés dans le milieu que partout ailleurs!», dit Jésus Iglesias, parlant au passage de cette pièce qui brouille les pistes entre l’homme et la femme, avec sur scène, l’excellent Manuel Liñan.
Ensuite, il faut se tourner vers la Cinémathèque pour poursuivre dans ces élans militants, avec quatre films documentaires pour «vivre le flamenco de l’intérieur». Il y sera question de handicap (le court Silencio évoque le combat d’une danseuse sourde), d’intégration dans un quartier de la banlieue de Séville, rongé par le chômage et la drogue (Alalà), de précarité, aussi, après la crise financière de 2008, dans l’ovni choral NO, un cuento flamenco, appelé à devenir, selon les organisateurs, emballés, un film culte.

En interrogeant la notion de genre, le flamenco aiguise ses talons ! (Photo : Marcos Gpunto)

En interrogeant la notion de genre, le flamenco aiguise ses talons ! (Photo : Marcos Gpunto)

Esch 2022 et prix d’honneur
La dernière proposition sur grand écran sera Escuela de Flamencos, école qui a formé, en Andalousie, plus de 6 000 artistes du monde entier. D’ailleurs, en prévision d’Esch 2022 – tiens, le nouvel échevin de la Culture à Esch-sur-Alzette, Pim Knaff, était de la présentation – le FlamencoFestival se verrait bien comme une résidence pouvant accueillir ces nombreuses promesses, en vue de créer et surtout, de poursuivre la collaboration avec cette terre du flamenco. Preuve de cette florissante connexion, le prix Asensio-Sáez, remis par le festival del Cante de las Minas (La Unión) – «l’un des plus importants du monde» – honore le Circulo Machado pour son travail de défrichage et d’exportation d’un art qui jouit «d’une qualité sans cesse renouvelée» en Espagne. Un constat qui s’observe aussi, d’année en année, sur l’affiche du FlamencoFestival, aux offres de haut niveau. Les quatre autres spectacles – sans compter Reversible, donc – en témoignent, avec cette persistante mode du brassage entre classicisme et modernité.
Ainsi, par exemple, si Récital de flamenco convoque deux frères et une danseuse dans un jeu d’aspect traditionnel, ce n’est que pour mieux remettre en question les acquis. Même idée avec Cádiz – Sevilla, qué maravilla qui, c’est une première au festival, invite deux danseuses aux styles assez contrastés mais à la passion commune pour la robe à froufrou.
Pour les deux dernières propositions scéniques, il ne faut pas être avare en superlatif : d’abord En estado puro, avec le guitariste qui «excelle dans l’excellence», Luis Mariano Renedo, et l’incroyable «furie» sur talonnettes, Alba Heredia. Ensuite avec Desplante et son créateur Eduardo Guerrero, qui «a tout pour plaire» et «marquera son époque». Avec la même audace, le FlamencoFestival Esch marque lui, encore, les esprits.

Grégory Cimatti.

Du 1er au 12 juin, programme complet ici.

Le programme du Flamenco festival de Esch

 

SPECTACLES (à 20 heures à chaque fois à la Kulturfabrik, sauf pour le lancement)
Vendredi 1er juin, au théâtre d’Esch, «Reversible» par la Cie Manuel Liñan
2 juin «Récital de flamenco» par David & Alfredo Lagos, Gema Moneo
7 juin «Cádiz – Sevilla, que Maravilla » par la Cie Claudia Cruz et Marina Valiente
8 juin «En estado puro» par la Cie Alba Heredia
9 juin «Desplante» par la Cie Eduardo Guerrero
Les représentations se déroulent à la KuFA, sauf «Reversible» (@Théâtre d’Esch)

CINÉMA @ Cinémathèque
4 juin «Silencio» + «Escuela de Flamencos»
5 juin «Alalà (joie)»
12 juin «NO, un cuento flamenco»

EXPOSITION @ Galerie Terres Rouges
Jean-Marc Bouque – «Flamenco»
Du 7 au 9 juin. Vernissage le 2 juin à 18 h 30.

ATELIERS (les 2, 8 et 9 juin)
Chant par David Lagos
Guitare par Alfredo Lagos
Danse pour débutants «por Tangos» par Gema Moneo
Danse pour débutants «por Tangos» par Alba Heredia
Danse par Eduardo Guerrero
Castagnettes par Victoria Villalba
Photographie par Paulo Lobo
Inscriptions : fatima@kulturfabrik.lu