Le festival Like a Jazz Machine de Dudelange garde sa ligne directrice, mélangeant réjouissances internationales et locales.
Dudelange, capitale du jazz au Luxembourg ? Danielle Igniti, cheffe du service culturel de la ville, le pense fortement, mais elle le garde pour elle, histoire de ne pas éveiller quelques susceptibilités. Et on ne peut lui donner tort, ne serait-ce qu’au vu du succès que connaît depuis 2012, année de sa création, le festival Like a Jazz Machine qui réunit tous azimuts pointures internationales et promesses locales. Un joli brassage portant en son sein une mission pédagogique, celle d’affirmer qu’il y a « des jazz ».
« D’une certaine manière, on lutte contre des préjugés qui voient cette musique comme faite pour les intellectuels et ancrée dans une tradition passéiste », explique-t-elle. Ce qui, à ses yeux, est une énormité. « C’est une musique qui vit, et même si l’héritage des anciens est présent, elle est en perpétuel renouvellement. » Si le jazz vit donc de ce dialogue qui transcende les générations, autant le susciter, d’où la création de ce festival à la programmation volontairement « éclectique ».
Osons même le terme marathon pour qualifier ces quatre jours de réjouissances, caractérisés par un touffu patchwork de seize groupes et ensembles, rassemblant plus de 70 musiciens. Et l’alliage convoque aussi bien de grands noms (Michel Portal, Wolfgang Dauner, Franco Ambrosetti…) que les nouvelles tendances (Antoine Berjeaut, Vincent Peirani…), sans oublier les « fidèles de la maison » – à l’instar de Kyle Eastwood (photo) ou Rabih Abou-Khalil – et l’armada luxembourgeoise, évidemment. « Quand on a sous la main une telle production nationale, il faut la montrer », lâche Danielle Igniti.
En direct sur ARTE
Mieux : plus que de leur donner une simple mise en lumière scénique, le festival leur trouve également un public avisé, avec la venue d’une bonne soixantaine de professionnels (labels, agents, journalistes…), se transformant ainsi en plateforme promotionnelle. De quoi y faire de belles rencontres, surtout que la dense programmation invite à la déambulation et aux échanges. Six heures de musique quotidiennes durant trois jours, il faut quand même encaisser…
Mais qu’on se le dise, la responsable a une solution à tout. « Il faut savoir alterner entre le léger et l’avant-gardisme, histoire d’épargner un peu les oreilles. » Et si elle insiste sur l’importance d’avoir un public de « curieux » – « S’ils viennent pour une star, ils sont obligés de découvrir les autres. » – elle ne lui jette pas la pierre non plus… « Si on n’aime pas, il suffit de sortir ! Les va-et-vient sont le lot de ce genre de festival. Et ils ne dérangent en rien la qualité d’écoute. »
Pour les plus résistants, et par là-même, les plus méritants, au bout des trois « longs » jours, cerise sur le gâteau : un feu d’artifice final signé Maceo Parker, saxophoniste de légende. « Like a Jazz Machine, c’est avant tout une fête, rappelle Danielle Igniti. En ce sens, à mes yeux, il est nécessaire de se faire plaisir, et ce genre de vedette, plus grand public, plus groovy, plus funk, y contribue nettement. » Bref, l’invitation est lancée, et les quelque 320 spectateurs observés en moyenne l’année dernière devraient de nouveau être de la partie. Même la chaîne ARTE, qui y fait son direct, est sous le charme.
Le Quotidien