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Festival du Film arabe de Fameck : l’année du Maroc

Le festival du Film arabe de Fameck tiendra sa 27e édition du 5 au 16 octobre dans le Val de Fensch, avec même une incursion de ce côté-ci de la frontière.

490_0008_14663163_affiche_festival_film_arabeIl a bien grandi le festival du Film arabe de Fameck! Mais il n’a pas oublié ses origines. Né de la rencontre entre un groupe d’ados amateurs de cinéma et un prêtre ouvrier, animateur de la Cité sociale de Fameck, le festival comporte désormais quatre lieux de diffusion à Fameck même et 25 lieux décentralisés, dont Luxembourg.

Il propose 50 films, 110 projections et 35 invités de prestige pendant dix jours. De quoi attirer l’an dernier quelque 15 000 festivaliers tout en gardant son aspect familial et ses rencontres autour d’un bon tajine et d’un bon thé à la menthe.

En tout cas, année après année, la manifestation est devenue un des principaux rendez-vous culturels de la région. Et cela en rendant hommage à une filmographie plutôt confidentielle.

«L’industrie cinématographique américaine a envahi les écrans du monde. Quand un jeune auteur (NDLR : arabe) cherche à montrer son film dans les salles européennes, il rencontre beaucoup de difficultés et d’incompréhension. Cela devient une lutte, une bataille pour faire exister son film. Dans son pays, la censure veille», écrit, dans le programme de cette édition 2016, l’écrivain, poète et journaliste Tahar Ben Jelloun, qui préside cette année le jury du festival.

«Un film que personne ne voit finit par ne pas exister. Heureusement qu’il y a des festivals. Le festival de Fameck est une très belle opportunité pour découvrir des cinémas voués à la clandestinité ou presque», ajoute le prix Goncourt 1987 pour son roman La Nuit sacrée.

Les festivaliers pourront ainsi découvrir longs et courts métrages aux genres, écritures et mises en scène variés représentant les productions actuelles du monde arabe à travers des films produits ou coproduits par l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Mauritanie, la Syrie, la Palestine, l’Irak, le Yémen, le Liban, la Jordanie, le Qatar ou encore les Émirats arabes unis.

«Notre but est de promouvoir toutes ces cinématographies étonnantes, lance Mahjouba Galfout, coordinatrice de la manifestation. Nous ne cherchons pas une thématique en particulier, mais on constate dans les films de cette année des films qui s’intéressent au statut de la femme dans la société, à l’immigration, à la quête d’identité, à l’extrémisme religieux, etc.»

Une société en pleine mutation

Un focus tout particulier sera proposé sur la cinématographie du Maroc, pays invité de cette 27e édition, à travers une rétrospective de onze films. «Le Maroc est un des seuls pays arabes qui disposent depuis 25 ans déjà d’une véritable politique en faveur du cinéma, ce qui fait qu’il produit plus de 25 longs métrages et 40 courts métrages par an, reprend Mahjouba Galfout. C’est, en plus, un cinéma très original avec de jeunes réalisateurs qui ont dépassé le stade des films sur la colonisation et l’indépendance pour proposer des films novateurs sur la réalité actuelle de la société marocaine en pleine mutation. Ce sont des films qui font réfléchir les spectateurs et nous permettent, à nous organisateurs, de monter des débats très intéressants entre les réalisateurs et le public.»

Le court métrage irakien aura droit lui aussi à une mise en avant cette année, mais plus modeste. Le festival organise en outre une journée professionnelle autour de la production et de la réalisation marocaines, une table ronde sur l’indépendance de la presse en France et en Algérie, un spectacle, une master class avec le réalisateur Hicham Lasri, des rencontres, des expositions, des animations, une soirée de contes, ainsi qu’une programmation décentralisée qui ira de Nancy à Longwy en passant par Metz, Sarreguemines et même Luxembourg.

Le festival, en collaboration avec l’Association pour une paix juste au Proche-Orient, proposera, mercredi prochain, le film palestinien 3000 Nuits, à la Cinémathèque de Luxembourg.

Pablo Chimienti

Infos : www.cinemarabe.org