La huitième édition du Marionettefestival, organisé par les Rotondes, aura lieu le week-end de la Pentecôte à Tadler. L’occasion de se pencher sur une discipline qui n’est pas destinée qu’aux enfants…
« J’ai un vrai coup de cœur pour ce festival… » La confidence est de Luisa Bevilacqua, artiste habituée de la manifestation qui, tous les deux ans, propose de découvrir la campagne luxembourgeoise et de se frotter aux autochtones. «C’est un fait, mais à chaque édition, les gens s’investissent à fond !», lâche-t-on du côté de Tadler, sympathique commune du Nord, qui, à travers le Marionettefestival, pimente son quotidien en ouvrant ses espaces à cette réunion champêtre.
«C’est un lieu magnifique, poursuit-elle. Ce petit village est plutôt typé, et un peu perdu. On y investit les granges, les jardins… Ça nous change des habitudes !» Une décontextualisation qui lui rappelle le festival de Chassepierre (Belgique), certes, «en plus petit et en plus luxembourgeois». Mais l’approche folâtre n’empêche en rien de sérieuses ambitions, concrétisées cette année par une vingtaine de spectacles et de très nombreuses représentations, s’étalant, turbulentes, sur trois jours, avec, en prime, concert, DJ sets, ateliers créatifs et autres stands gastronomiques.
«Oui, la programmation est très intéressante», soutient Luisa Bevilacqua, qui, en compagnie de sa camarade Linda Bonvini, viendra y présenter Ei, Ei, Ei?!, une histoire décalée sur l’évolution de la volaille la plus inoffensive… Dans un rire contagieux, l’artiste s’explique : «On est partis dans de ces délires !» Mais bien que perdue dans ses éparpillements, elle sait très bien où elle doit arriver… «La réussite, c’est quand on arrive à faire passer un message sur plusieurs niveaux de lecture, et que chacun, dans sa tranche d’âge, y trouve son compte.»
Du rêve et de la poésie
Comprendre que l’enfant peut être comblé autant que les parents. Pour l’artiste, c’est même l’idée la plus importante… «Le théâtre d’objets et de marionnettes n’est pas fait que pour les petits. Et c’est un travail de longue haleine pour le faire comprendre !» Néanmoins, le succès croissant de ces spectacles, régulièrement à l’affiche des Rotondes et ailleurs (notamment du côté de la Philharmonie), prouve que le message semble être passé. À juste titre pour Luisa Bevilacqua : «C’est un art pluridisciplinaire, qui ouvre le champ des possibles, clame-t-elle. Il laisse beaucoup de place au rêve et à la poésie. Oui, il a une portée onirique merveilleuse.»
Mais pas seulement… Selon elle, en effet, la discipline, variée, réunit les familles. «Quand on a un enfant, on ne va plus beaucoup au théâtre. Là, ce genre de festival constitue une première sortie commune autour d’un art.» Au point que, parfois, c’est l’adulte qui s’emballe… «J’ai senti, parfois, que les parents en avaient plus envie que les enfants, explique-t-elle. Le spectacle doit, à mes yeux, rester une découverte exceptionnelle. Le danger, c’est toujours quand ça devient de la consommation.»
Gageons que le plongeon dans les herbes folles restera surprenant en tout point de vue, et qu’il saura rester à taille humaine – il y avait quand même 5 000 visiteurs il y a deux ans…
Grégory Cimatti