Le Festival de Cannes, c’est un peu comme un match de football. Rien n’est joué tant que l’arbitre n’a pas sifflé la fin du match. La preuve. En 2008, c’est Laurent Cantet qui décroche la récompense suprême avec « Entre les murs ». Dernier film de la compétition !
Cette année, il n’y a pas vraiment de favoris ni de outsiders. Du moins jusqu’à aujourd’hui avant la projection de « In the Fade » de Fatih Akin avec Diane Krüger. L’histoire d’une mère de famille, habitant Hambourg, qui perd son mari turc et son fils dans un attentat. Une adaptation de l’affaire du procès de la « NSU » en 2013.
Fatih Akin nous donne une leçon de mise en scène, de direction d’acteurs et de scénario. Parler de la Palme d’or serait peut-être exagéré. Pourtant, ce film, accessible au public, ne le démériterait pas et réconcilierait le grand public avec le Festival de Cannes qui, bien souvent de par son Palmarès, pêche dans l’inaccessible.
Diane Krüger, prix d’interprétation ?
On a beau retourner la sélection dans tous les sens, on a du mal à s’imaginer une autre actrice que Diane Krüger pour le prix d’interprétation féminine. Et, cela sous réserve de la projection demain du dernier film de la compétition « You were never really here » de Lynne Ramsay. L’actrice allemande porte à elle seule tout le poids de ce film émouvant, sobre, digne, sans haine et si juste dans ces propos.
Pour « In the Fade », Diane Krüger n’a pas lésiné sur la préparation de son personnage : « dans ce film, nous avons travaillé de manière chronologique, ce qui est à la fois rare mais cela m’a aussi aidé à comprendre l’évolution de mon personnage car clui-ci évolue en fonction des faits qu’il traverse. Fathi m’a demandé de vivre à Hambourg quelques mois avant le tournage pour que je m’habitue à cette ville, aux endroits où mon personnage aurait pu aller comme les bars, écouter de la musique propre à celle écoutée à Hambourg, rencontrer des gens mais aussi ceux de la communauté turque. Résultat, le premier jour de tournage, j’étais Catia depuis pas mal de temps. »
Quelle que soit sa préparation au rôle, Diane Krüger nous permet de croire à ce personnage, on souffre pour elle et le film nous émeut sans pourtant forcer sur les sentiments, sans artifices comme la musique, le partenaire idéal des larmes au cinéma. « In the Fade » est une œuvre aussi forte que « Head-on » (Ours d’or à Berlin en 2004) ou « De l’autre côté » (Prix du scénario à Cannes en 2007).
Thibaut Demeyer