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Festival de Cannes : ça démarre !


L'actrice espagnole Rossy de Palma et la Britannique Sienna Miller, deux membres du jury aux côtés des réalisateurs Joel et Ethan Cohen, présidents du jury. (photo AFP)

Le jury est en place avec les frères Coen en présidents farfelus, le tapis rouge est déroulé, badauds et paparazzi sont en effervescence: le 68e Festival de Cannes s’ouvre ce mercredi soir avec l’icône du cinéma français Catherine Deneuve dans un film grave, La tête haute.

Au fronton du Palais des Festivals, le visage rayonnant d’Ingrid Bergman, autre actrice mythique, qui aurait eu 100 ans cette année, accueille sous le soleil les festivaliers. « Ca fait déjà une semaine qu’on garde toutes les places, et hier soir ils ont posé les barrières et donc on accroche les chaises et les escabeaux sur les barrières », dit Anne-Marie, 73 ans, installée face au Palais des Festivals, bien décidée à conserver son poste pour ne rien rater de la montée des marches des premières stars.

Les neuf membres du jury s’expriment en début d’après-midi lors d’une conférence de presse avant la cérémonie d’ouverture à 19 heures. Il devront départager les 19 films en course pour la Palme d’or, décernée le 24 mai. « Nous adorons Cannes et le Festival. Nous y sommes venus si souvent. Ce festival a tant fait pour nous », a déclaré Ethan Coen, réalisateur américain multi-récompensé à Cannes avec son frère Joel.

« Je n’ai pas d’a priori sur les films que je vais voir. J’ai fureté sur internet, j’ai cherché les histoires, les synopsis mais je sais très peu de choses en fait », a déclaré mercredi le cinéaste québécois Xavier Dolan, le benjamin du cénacle, qui avait électrisé Cannes l’an passé avec son Mommy. C’est l’acteur Lambert Wilson, qui sera, comme l’an passé, maître de cérémonie. « Mon rêve, c’est qu’on me redemande une troisième fois », a-t-il dit malgré le trac.

Mais, loin du glamour et « horrifié » par les exactions en Irak et en Syrie, l’acteur entend profiter de sa tribune pour opposer les femmes libres magnifiées par le cinéma aux femmes violentées dans certains pays. « On n’est pas forcément tenus à rester dans le superficiel et la paillette », a-t-il déclaré. « Je veux opposer la femme mise en lumière par le cinéma, révélée, à celle qu’on tient dans l’ombre, à celle qu’on bâillonne, à celle qu’on violente, à celle qu’on vend », a-t-il affirmé, évoquant les exactions de l’Etat islamique et de Boko Haram.

« Symbole universel »

Ton grave aussi pour le film d’ouverture, une oeuvre réaliste de la réalisatrice française Emmanuelle Bercot sur le thème de la délinquance et la justice des mineurs. Catherine Deneuve y incarne une juge pour enfants, Benoît Magimel -prix d’interprétation en 2001 à Cannes pour La pianiste de Michael Haneke- un éducateur, et la révélation Rod Paradot, le jeune délinquant.

Oeuvre forte, La tête haute sort mercredi dans toute la France. « C’est un symbole universel de ce regard sur la jeunesse, sur ces jeunes gens qui sont nés aimables et qui sont devenus moins aimables », a déclaré ce mercredi le nouveau président du Festival Pierre Lescure. Ce sera la deuxième fois dans l’histoire de Cannes qu’une réalisatrice fera l’ouverture du festival, après Diane Kurys il y a près de 30 ans, en 1987.

La bande-annonce du film « La tête haute » :


Bande-annonce de « La Tête Haute » par LePoint

Outre Emmanuelle Bercot, plusieurs réalisatrices seront en sélection officielle, dont deux Françaises en compétition pour la Palme, Maïwenn et Valérie Donzelli. Avec cinq longs métrages en course pour la Palme d’or, et un quart des films toutes sections confondues, Cannes déroulera cette année le tapis rouge au cinéma français.

Trois films italiens seront aussi en lice dont le dernier Nanni Moretti, qui concourra pour une deuxième Palme d’or après La chambre du fils en 2001. Signe de la mondialisation du cinéma, les deux autres – Paolo Sorrentino et Matteo Garrone – réunissent des castings internationaux et ont été tournés en anglais, tout comme les films du Norvégien Joachim Trier, du Mexicain Michel Franco et du Grec Yorgos Lanthimos.

Trois Asiatiques et deux Américains, seront aussi sur les rangs, dont Gus Van Sant, Palme d’Or en 2003 pour Elephant. La superproduction Mad Max et son métal hurlant est attendue jeudi, avant le dernier Woody Allen et le premier film de l’actrice Natalie Portman. Son époux, Benjamin Millepied, directeur de la danse à l’Opéra de Paris, offrira mercredi lors de la cérémonie d’ouverture une courte chorégraphie inspirée du film d’Hitchcock Vertigo (Sueurs froides).

AFP