Rodrigo Leão, ancien de Madredeus, sera à la Philharmonie, dimanche soir, en duo avec l’Australien Scott Matthew, dans le cadre du festival Atlântico, dédié aux musiques lusophones.
Déjà venu au Luxembourg, il y a une vingtaine d’années, avec Madredeus, le compositeur et musicien portugais Rodrigo Leão est de retour au Grand-Duché, ce week-end, pour présenter Life Is long. Un projet qui marie musique classique, contemporaine, pop et electro entre les compositions de Leão et la magnifique voix rauque et mélancolique de Matthew.
Life Is Long est une phrase qui peut être interprétée de manière positive ou négative. Que signifie-t-elle pour vous?
Rodrigo Leão : Pour nous, c’est clairement positif. Dans ce projet, il y a beaucoup de musique mélancolique, mais avec Scott (NDLR : Matthew) nous trouvons de la poésie dans les côtés mélancoliques de la vie et de la musique que nous faisons.
Justement, l’album est empli de mélancolie, mais jamais de tristesse. Il est, au contraire, plein d’espoir. Comment arrivez-vous à cette position de parfait équilibre?
Scott et moi faisons de la musique de manière intuitive. On ne réfléchit pas vraiment sur ce que nous faisons ou ce que nous voulons faire. Nous avons plein de points en commun, c’est donc très facile de travailler ensemble et cela même si je vis à Lisbonne et lui à New York.
Avant ce projet, vous avez travaillé sur des projets pop, classiques, contemporains, de fado, sur de nombreuses bandes originales de film, etc. Là, il y a un peu de classique, un peu d’électronique…
Nous trouvons de la poésie dans les côtés mélancoliques de la vie
Comment décririez-vous désormais la musique que vous proposez?
C’est clair qu’il est assez difficile de trouver un terme pour définir cette musique. Elle a effectivement différentes influences, du tango à la musique classique en passant par la pop. Mais voilà, c’est mon histoire. J’ai commencé à faire de la musique il y a plus de 35 ans avec un groupe de pop-rock, Sétima Legião. Je jouais de la basse et du clavier. Mais je suis un autodidacte, je fais donc toujours de la musique simple. Après, j’aime y ajouter des instruments classiques comme le violon, le violoncelle ou le trombone et mélanger toutes mes influences, différents sons et différents styles.
Vous avez joué avec Sétima Legião, mais aussi avec Madredeus, et puis vous avez continué en solo pendant plusieurs années. Alors qu’est-ce qui vous a poussé à travailler en duo avec Scott Matthew?
Ça s’est fait de manière assez naturelle. Nous avons commencé à collaborer il y a six ans quand je l’ai invité à participer à l’un des morceaux de mon album A Montanha Mágica. Il m’a donc rejoint six mois plus tard pour quelques concerts en Espagne et au Portugal et là on a fait une autre chanson ensemble qu’on trouve dans Songs et on s’est dit qu’on pourrait peut-être faire tout un album ensemble. Mais bon, comme on n’avait aucune pression par rapport à ce projet, on a pris notre temps pour trouver les bonnes idées et faire ça bien.
Qu’avez-vous trouvé chez Scott Matthew, dans son travail, que vous n’aviez pas encore trouvé ailleurs?
Difficile à dire… je pense que sa voix marche à merveille avec ma musique. Et puis, si nous sommes devenus amis, c’est aussi parce que nous avons beaucoup de choses en commun : nous aimons tous les deux la musique des années 80, nous avons un humour assez proche, nous aimons beaucoup tous les deux bien manger et bien boire.
Comment transposez-vous votre musique à la scène? À quoi ressemble un concert de Rodrigo Leão et Scott Matthew?
Il y a nous deux, Scott qui chante et qui joue de la guitare, moi aux claviers et à la basse et puis nous avons des percussions, du trombone, un violon. Nous jouons quasiment tout l’album Life Is long, mais je joue également quelques morceaux instrumentaux que j’ai composés et Scott chante également quelques-unes de ses chansons.
Vous avez tous les deux beaucoup travaillé pour le cinéma. Est-ce que cet aspect de votre travail est présent sur scène?
Non, pas vraiment. Ce concert est plus pop.
Life Is long est sorti l’an dernier. Travaillez-vous encore ensemble depuis? Préparez-vous un nouvel album commun ou êtes-vous retournés à vos carrières solos?
Nous sommes plutôt retournés à nos carrières en solo, mais on a aussi eu beaucoup de concerts en commun depuis la sortie de l’album. Plus que ce à quoi on s’attendait. On va d’ailleurs continuer à un rythme soutenu jusqu’en mars prochain. On verra bien pour la suite.
Vous serez en concert à la Philharmonie de Luxembourg dans le cadre du festival Atlântico, dédié aux différentes musiques lusophones. Qu’en pensez-vous? Existe-t-il vraiment des spécificités communes à la musique lusophone? Si oui, lesquelles?
Pour moi, l’idée de ce festival est très bonne. C’est vraiment bien de mélanger la musique portugaise aux musiques des autres pays lusophones. Car oui, on a tellement en commun, tellement de choses qui lient toutes musiques. Après dire exactement ce qu’il y a en commun… Un état d’esprit peut-être, une certaine mélancolie qu’on trouve dans le fado et qu’on retrouve aussi dans pas mal de musiques brésiliennes, cap-verdiennes, etc. Il y a d’ailleurs beaucoup de collaborations entre les artistes des différents pays de langue portugaise.
Pablo Chimienti
Philharmonie – Luxembourg.
Dimanche à 20 h.