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Fausti, une icône nationale


Le réalisateur luxembourgeois Andy Bausch sera de retour en salle mercredi prochain avec un nouveau documentaire consacré, cette fois, à une personnalité de la scène grand-ducale, Fausti.

C’est dans un cabaret que commence Faustino One-man-show, le nouveau film d’Andy Bausch, qui après avoir rappelé aux Luxembourgeois ce que leur pays et leurs ancêtres ont connu à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans Schockela Knätschgummi a brong Puppelcher (2010), puis entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle dans D’Belle Époque (2012) et, enfin, dans les années 50 dans D’Fifties (2013) replonge, après Entrée d’artistes (2007), dans la scène musicale grand-ducale. Mais cette fois pas de manière globale, mais à travers celle qui est sans doute la plus grande personnalité du show-business luxembourgeois : Faustino Cima, connu en tant que Fausti.

Un cabaret disait-on. Dans le sens ancien du terme. Pas comme ceux d’aujourd’hui où de jeunes demoiselles, bien souvent venues du froid, viennent s’effeuiller. Non, non, les cabarets où, il y a quelques décennies encore, jeunes et moins jeunes allaient danser, écouter des groupes de jazz, de swing et voir aussi quelques numéros artistiques. Ces cabarets où Fausti, que beaucoup ne connaissent plus que pour ces chansons carnavalesques aux textes visant plutôt en dessous de la ceinture, a fait ses armes en tant que musicien pendant plusieurs décennies.

C’est que ce fils d’immigrés italiens, né en 1940 dans le Grund, dans la maison qui héberge désormais le Scott’s Pub, s’est piqué de passion pour la musique dès son plus jeune âge, quand il suivait les fanfares militaires pendant leur parcours dans le centre de la capitale. Et il n’était pas plus haut que trois pommes quand il a décidé d’y consacrer sa vie.

Accordéoniste, contrebassiste, guitariste, batteur, chanteur… Fausti a (presque) tout fait, tout joué, avec la plupart des grands groupes de l’époque. Jazz, swing, chansons populaires allemandes, chansons hawaïennes, tout était déjà bon à l’époque pour divertir le public, pour le faire danser, pour lui faire passer une bonne soirée. Quitte à jouer neuf heures d’affilée. Et cela même le jour de l’enterrement de son père ou de son mariage avec Alice, avec qui il est marié désormais depuis 51 ans. « C’est long », avouera-t-elle devant la caméra d’Andy Bausch.

« Il faustifie toujours tout »

Voilà, c’est ça, Faustino One-man-show : un mélange d’images d’archives, de photos – parfois animées avec plus ou moins de réussite – de rares reconstitutions, et d’interviews qui donnent une image assez complète de l’amuseur public numéro 1 du Grand-Duché, mais qui est aussi un musicien doté d’un talent hors pair. Un mélange aussi de la grande histoire de la scène musicale grand-ducale et des petites histoires familiales des Cima, voire des petites histoires personnelles de Fausti.

Le film remplit donc un rôle de transmission de l’histoire nationale, en remettant sous les projecteurs ce passé oublié par trop de monde qu’est la carrière de Fausti. C’est qu’elle est loin de se limiter à Zwou Bulle Mocca, Moss am Bic, à ses performances lors de la « Päischtcroisière » ou aux nombreux bals populaires qu’il a animés. En outre, le documentaire ne manque pas de moments drôles, entre bons mots, tant de Fausti que des nombreux intervenants, et situations cocasses. Il bénéficie enfin d’un montage intelligent qui montre le chanteur répétant san cesse les mêmes histoires, avec la même intonation et au mot près.

Car oui, le film est un hommage. À l’homme, Faustino Cima, et au personnage, Fausti. Mais un hommage objectif, qui n’oublie pas en même temps de casser un peu le mythe et de montrer le côté obscur du personnage. « Il s’est engueulé avec tous les musiciens du Luxembourg », dit un intervenant. Il est décrit comme excessif, trop dirigiste, au caractère difficile, jamais sérieux, « il « faustifie » toujours tout ». Et parfois, cela finit par fatiguer. Fatiguer ses partenaires sur scène, mais un peu aussi les spectateurs du film. Mais il est comme ça, Fausti, et ce n’est pas à 73 ans qu’on changera cette icône grand-ducale.

Pablo Chimienti


Faustino One-man-show, d’Andy Bausch. Sortie mercredi prochain.