Après le Kasenmanttentheater cet automne, Fake! se déplace pour un soir au café Streik à Esch-sur-Alzette. Cette lecture en trois langues de textes choisis est un antidote au populisme autoritaire.
Les populistes autoritaires et nationalistes avancent à coup de désinformation et d’imposture. Le mensonge et la calomnie érigés en vérité sont le carburant politique des Donald Trump aux États-Unis et autre Viktor Orban en Hongrie. Les «fake news» dont ces dirigeants font leur miel menacent la démocratie et nos libertés.
«Nous sommes donc tous priés de nous tenir informés et, le cas échéant, d’ouvrir nos gueules», énonce le résumé introductif de Fake!, une lecture en trois langues d’une sélection de textes sur le populisme autoritaire signés par des auteurs célèbres. Interprété à l’automne dernier au Kasenmattentheater en co-production avec le TOL et le Centaure, ce spectacle se déplace au Café Streik, à Esch-sur-Alzette, le mercredi 24 janvier à 20h.
Le café Streik a été inauguré en décembre dernier par l’OGBL qui, outre la convivialité propre à toute brasserie, veut aussi en faire une plateforme culturelle et politique, dans la plus pure tradition des cafés syndicaux. Fake! y a donc toute sa place.
Choisis par le comédien et auteur Marc Limpach, les textes de cette lecture sont aussi bien signés Albert Camus que George Orwel, Umberto Eco, Franz Clement ou encore… Marine Le Pen. Ils sont lus par Marc Limpach lui-même mais aussi Eugénie Anselin, Véronique Fauconnet, Jules Werner et Claude Frisoni. Autant de personnalités sur lesquelles l’on peut compter pour «ouvrir leurs gueules».
«Généreux amis de la liberté…»
Alignés derrière une table, ils appellent l’auditoire à ne pas tomber dans le piège des «fake news». Les extraits qu’ils déclinent mettent en garde contre la tromperie et l’arbitraire qui ont parfois mené à la catastrophe.
Les textes qu’ils lisent sont autant de témoignage d’un mal qui n’est pas propre à notre époque ainsi qu’ils le rappellent à travers cette citation de Nicolas de Condorcet en 1791: «Généreux amis de l’égalité, de la liberté, (…) ne savez-vous pas combien, pour conduire un peuple sans lumières, les moyens des gens honnêtes sont faibles et bornés auprès des coupables artifices de l’audace et de l’imposture? Sans doute il suffirait d’arracher aux chefs leur masque perfide; mais le pouvez-vous? Vous comptez sur la force de la vérité; mais elle n’est toute puissante que sur les esprits accoutumés à en reconnaître les nobles accents.»
Face aux «folies du populisme autoritaire et nationaliste qui se définit contre autrui», les comédiens de Fake! se veulent plus que de simples contempteurs d’une tromperie toujours plus prégnante. Ils invitent le spectateur à s’ouvrir, à être à l’écoute: «Il faut toujours rappeler la nécessité d’user de l’empathie pour comprendre l’autre.» Et livrent cette autre prescription: «Les sciences humaines et sociales, et surtout la littérature et le théâtre, sont des armes utiles, parfois indispensables, pour voir plus clair, expliquer, convaincre et combattre !»
Paraphrasant Donald Trump qui mieux que personne symbolise l’ère des «fake news»,les comédiens de Fake! ont choisi pour slogan «Make empathy great again! Make democracy great again!… Go visit your local theatre!» Il ne reste donc plus qu’à se rendre au café Streik le 24 janvier.
F.G.
Fake! une lecture en trois langues, est présenté au café Streik (62 boulevard Kennedy à Esch-sur-Alzette) ce mercredi 24 janvier à 20h. Entrée gratuite.