Accueil | Culture | [Exposition] L’art, un dur travail

[Exposition] L’art, un dur travail


Vincen Beeckman a vécu près d'un mois dans un hôpital psychiatrique afin de documenter sa présence auprès de ses résidents.

Les Centres d’art de la ville de Dudelange présentent une exposition collective de sept artistes dont le but est de nous ouvrir les yeux sur la question du travail, non pas celui des autres, mais bien celui de l’artiste !

«Hard Work»! Tel est le titre de l’exposition actuellement présentée aux Centres d’art de la ville de Dudelange. Travailler dur dans un domaine qui est le plus souvent considéré comme accessoire ou simple passe-temps, voici ce que Danielle Igniti et Jacques Cerami ont choisi de montrer à travers les œuvres de sept artistes d’âge et d’origine très divers. C’est toute l’importance de la place de la création artistique qu’ils souhaitent crier au monde à travers les yeux des photographes.

C’est dans la tête de deux professionnels passionnés et dédiés à la cause de l’art que s’est tout d’abord développé le constat que leur domaine de prédilection demande un investissement constant et à toute épreuve. L’une vient de Dudelange, l’autre de Charleroi en Belgique, deux villes qui savent ce que le travail difficile signifie pour les hommes et les femmes qui le font, mais aussi pour toute la communauté qui vit dans ces villes. Le galeriste Jacques Cerami et la directrice des affaires culturelles de Dudelange, Danielle Igniti, tous deux fils et fille d’ouvrier d’usine, savent très bien tous les efforts et la dureté qu’implique le travail à l’usine.

«Un « non-travail », un simple hobby»

Leur combat : l’art contemporain et ses artistes. «C’est en discutant ensemble que nous avons réalisé que nous nous battons tous les deux pour imposer une vision artistique dans des villes qui, au départ, n’ont pas été pensées pour devenir des villes d’art. Le métier de galeriste, de commissaire d’exposition et surtout d’artiste sont souvent considérés comme un « non-travail », un simple hobby, ce n’est pas sérieux», explique ainsi Danielle Igniti commissaire adjointe de l’exposition.

En partant de ce constat ils ont choisi de créer une exposition qui réunirait des artistes qu’ils suivent et apprécient particulièrement, mais surtout des artistes qui s’investissent pleinement et à plein temps dans leur mission de révéler le monde et le questionner. Ce sont donc sept artistes qui ont été réunis, de tous les âges et toutes les influences artistiques.

Il y a d’abord Ronny Delrue qui se rend tous les jours à son atelier pour tenter de représenter cette folie qui est en chacun de nous, étudiant les créations des ancêtres, fouinant dans l’histoire iconographique. C’est un tout autre investissement, particulièrement personnel que l’artiste Michael Matthys fait lors de son travail de création, en mêlant son propre sang au charbon pour réaliser ses toiles représentant de véritables histoires dans lesquelles la mort semble, en permanence, jouer avec les vivants.

L’obsession de la création

Iris Hutegger, quant à elle, développe un travail sensible sur la question du paysage qui demande un processus à la fois délicat, fragile et long. Elle intervient directement sur ses paysages photographies, relevant les détails ici et là grâce à la couture, créant ainsi une troisième dimension à l’image, mais aussi une introduction de la couleur.

La plus jeune de la bande, Rita Puig-Serra Costa, offre un miroir à travers ses propres émotions de deuil face à la perte de sa mère. L’artiste et designer Floris Hovers choisit, de son côté, de réaliser ses œuvres et maquettes en utilisant uniquement des objets de récupération, offrant ainsi une toute nouvelle vie aux objets abandonnés et nous replongeant dans la simplicité imaginaire que l’on a tous connue durant notre enfance.

C’est aussi à l’organisation de la ville que s’intéresse Michel Couturier et notre aliénation. Il analyse, presse, digère et sublime les mythologies contemporaines. Enfin, Vincen Beeckman nous offre avec ses photographies de la vie de tous les jours, des portraits de personnes ordinaires dont il fait partie et nous aussi.

Le lien fragile et invisible qui les lie est ce travail interminable et obsédant de révéler, d’investir jusqu’à son propre sang pour offrir à tous une réflexion, un regard, mais surtout pour révéler la beauté de ce monde qui semble un plus sombre chaque jour. Et quel travail! Celui d’apporter un peu de lumière au monde.

De notre collaboratrice Mylène Carrière

Centres d’art Dominique Lang & Nei Liicht – Dudelange

Jusqu’au 13 avril.