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[Exposition] Hirst, Fairey et Invader unissent leurs forces


La collaboration entre Damien Hirst, Shepard Fairey et Invader a été «joyeuse et ludique», chacun invitant son univers dans les œuvres des autres. (Photo : afp)

Icônes de la culture underground, aujourd’hui sommités de l’art contemporain, Shepard Fairey, Invader et Damien Hirst exposent à Londres une œuvre commune qui prouve que les artistes peuvent mettre leur ego de côté.

Ouverte au public depuis le mois d’octobre et visible jusqu’au 29 mars dans la galerie londonienne de Damien Hirst, l’exposition commune «Triple Trouble» présente à la fois des pièces individuelles et des collaborations inédites entre les trois hommes, et a demandé un an et demi de préparation.

«C’est une idée qui est vraiment née de notre admiration mutuelle pour le travail de chacun», explique l’Américain Shepard Fairey, alias Obey, artiste urbain et sérigraphiste devenu mondialement célèbre avec l’affiche Hope, icône de la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008. Une affiche de sa Marianne tricolore, fresque murale conçue pour rendre hommage aux victimes des attentats de 2015 en France, orne aussi le bureau du président français, Emmanuel Macron, à l’Élysée.

Hirst, peintre et sculpteur britannique, est connu notamment pour ses œuvres réalisées avec des cadavres d’animaux ou sa tête de mort incrustée de diamants, certaines se vendant des millions d’euros. Invader est un mosaïste français anonyme qui a parsemé les grandes métropoles du monde de ses créations reprenant les visuels du jeu vidéo Space Invaders. Les trois hommes sont devenus amis et ont eu l’idée de cette collaboration inédite.

«Un pied dedans, un pied dehors»

«Les artistes sont souvent considérés comme des personnalités égocentriques, réticentes à l’idée de collaborer avec d’autres. Je trouve que dans cette période de fracture culturelle, l’idée que des personnes aussi difficiles que des artistes puissent travailler ensemble est réjouissante», estime Shepard Fairey. «Nous nous sommes proposé nos idées respectives, les œuvres ont fait des allers-retours entre nos ateliers respectifs», raconte l’artiste, en évoquant une collaboration «joyeuse et ludique».

Dans la grande Newport Street Gallery, les œuvres de chacun des artistes sont revisitées ou complétées avec l’apport de chacun, les «Space Invaders» s’invitent sur les peintures de Fairey ou dans les œuvres de Hirst. Le titre de l’exposition, «Triple Trouble», entend rappeler le côté subversif de ces trois artistes qualifiés de «fauteurs de troubles». «Nous avons tous été des perturbateurs. J’ai été arrêté à plusieurs reprises pour du street art, tout comme Invader. Damien a créé des œuvres dérangeantes sur la mort, mais aussi des peintures à propos desquelles les gens ont dit : « Eh, attends, il n’y a pas de message là-dedans. » Ce à quoi il a répondu : « Je fais ce que je veux »», se rappelle Shepard Fairey.

Nous avons tous été des perturbateurs

Le succès venu, «les questions se posent : être underground ou être connu? Qu’est-ce qui est authentique, qu’est-ce qui est commercial?», reconnaît-il. Mais «il y a des moyens de composer avec ça en tant qu’artiste», assure-t-il. «Pour moi, il s’agit de rester fidèle à mes valeurs. Et j’ai toujours mis en œuvre ce que j’appelle la stratégie « un pied dedans, un pied dehors »», explique-t-il.

Valeurs inchangées

«Mes influences viennent du punk rock, du graffiti, du hip-hop, du skate, du monde de la contre-culture. Mais mon idée est que si tu peux infiltrer le système et le changer de l’intérieur, cela devient une forme de subversion et de nuisance formidable», analyse l’artiste. «Mes valeurs aujourd’hui ne sont pas différentes de celles de mes débuts, quand je n’avais pas d’argent», affirme-t-il. «J’ai juste plus de moyens pour donner de l’écho à mes idées et pour aider ceux qui travaillent à rendre le monde meilleur», dit-il, évoquant sa collaboration régulière avec des ONG et des associations.

Interrogé sur la polarisation politique aux États-Unis et sur l’administration de Donald Trump, il évoque «une régression», mais dit avoir de l’«espoir» dans la «résilience» des États-Unis.

Jusqu’au 29 mars 2026.
Newport Street Gallery – Londres.

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