Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Légendaire. L’exposition « The Family of Man », installée au château de Clervaux au nord du Grand-Duché, est à elle seule une part de patrimoine de l’humanité et un pan entier de l’histoire de la photographie.
Dans les salles d’exposition, la scénographie originale conçue par Edward Steichen pour l’expo de 1955 à New York laquelle fera ensuite le tour du monde, est reproduite. Vous croiserez là Doisneau, Cartier-Bresson, Capa, Dorothea Lange, Sanders, Adams mais aussi Boubat, Bischof, Avedon, Willy Ronis… pour ne citer que quelques-uns des plus illustres. Une immense œuvre humaniste réalisée par celui qui était alors directeur du département de la photographie du Museum of Modern Art, l’illustre MoMa.
Dès l’origine, ce dernier pense son exposition comme une histoire racontée en images – les photographies ne sont ainsi pas légendées. Un miroir de l’humanité mettant en exergue les liens qui l’unissent tout entière. Ce projet universaliste s’adresse à un monde alors à peine sorti de la Seconde Guerre mondiale et plongé dans la guerre froide. Mais 60 ans après, il garde aujourd’hui encore toute sa puissance et parle à notre temps avec la même efficacité.
Histoires différentes
Anke Reitz, curatrice et conservatrice auprès du Centre national de l’audiovisuel du Grand-Duché (CNA) pour les collections Steichen, explique : « C’est une exposition extrêmement chargée sur le plan émotionnel. Il faut la voir plusieurs fois et à chaque fois, on voit de nouvelles images. » Une redécouverte permanente liée à « l’intelligence de la scénographie imaginée par Steichen ».
Cette scénographie fait notamment appel à l’effet Koulechov – procédé cinématographique qui s’appuie sur la propension d’une image à influer sur le sens de celle qui lui succède – et raconte donc une histoire différente à chacun en fonction de la manière dont il évolue dans les salles.
Un savoir-faire, ajouté à la force intrinsèque de chaque image, qui fait de The Family of Man une expérience d’une intensité rare.
Hervé Boggio (Le Républicain lorrain)
The Family of Man, au château de Clervaux. Du 1er mars au 1er janvier. Du mercredi au dimanche de 12h à 18h. Fermés les lundis et mardi, sauf jours fériés. Plein tarif : 6€ . Tarif réduit : 4€ Gratuit jusqu’à 21 ans. Infos : www.steichencollections.lu
Une collection exceptionnelle
La collection The Family of Man se compose de 503 photographies de 273 auteurs originaires de 68 pays, rassemblées par Edward Steichen pour le Museum of Modern Art de New York (MoMA).
Présentée pour la première fois en 1955, l’exposition se veut un manifeste pour la paix et l’égalité fondamentale des hommes à travers la photographie humaniste d’après-guerre.
Les images d’auteurs tels que Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Dorothea Lange, Robert Doisneau, August Sander, Ansel Adams, … sont mises en scène d’une manière moderniste et spectaculaire.
Après un voyage autour du monde dans plus de 160 musées, la dernière version intégrale de l’exposition est installée en 1994 au Château de Clervaux de façon permanente.
Depuis sa création, The Family of Man a attiré plus de 10 millions de visiteurs et entre ainsi dans l’histoire de la photographie comme exposition légendaire. Depuis 2003, elle fait partie des documents inscrits dans le registre de la Mémoire du Monde de l’UNESCO.
Deux cent soixante-treize des plus grands photographes de la seconde moitié du XX e siècle sont réunis dans The Family of Man.
photo RL / Pierre Heckler
Une scénographie bluffante qui raconte une histoire en images. Celle de l’humanité. Une scénographie bluffante qui raconte une histoire en images. Celle de l’humanité. (photo P.H. / RL)
Parmi les 503 images exposées, quelques-unes de Steichen lui-même, dont celle-ci, de sa mère. (photo P.H./RL)
Dans la bibliothèque installée au détour des salles d’exposition, un planisphère où sont mentionnées toutes les villes où The Family of Man a été exposée.
