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[Expo] L’expérience Vasco Futscher au Cercle Camões


Vasco Futscher s'émancipe des codes pour créer son propre langage entre peinture et sculpture. (photo DR)

Dans «Cousins Germains» exposée au Cercle Camões jusqu’au 3 octobre, le jeune plasticien Vasco Futscher associe la céramique et le papier. Une proposition étonnante mais réussie.

Les locaux du centre culturel portugais sentent encore le plâtre et l’enduit. Derrière la baie vitrée, le visiteur découvre les créations du jeune artiste lisboète Vasco Futscher. «Nous invitons des artistes portugais, ensuite ils ont carte blanche», explique Adília Martins de Carvalho, directrice du centre, au sujet de l’exposition «Cousins Germains».

Derrière ce titre anecdotique réside l’essence même de son œuvre. «L’artiste cherche à établir un dialogue entre la sculpture et le dessin», exprime la directrice. La scénographie de l’exposition traduit cette mise en résonance, «il nous a offert une expérience spatiale complètement différente de ce qu’on a eu jusqu’à maintenant», poursuit-elle.

Épurée, l’exposition présente seulement treize pièces. Les six sculptures trônent individuellement sur des piédestaux. Les toiles s’intercalent entre elles. La proposition artistique semble être un tout, les œuvres s’emboîtent pour, en définitif, ne former qu’une unique création.

Colorées et géométriques

L’artiste se complaît dans la précarité. Les matériaux sont primitifs : coton, argile, grès, pastel. «Il y a quelque chose d’artisanal; il travaille des matériaux qui ne sont pas courants chez les artistes contemporains», complète Adília Martins de Carvalho. Dans l’abstraction de ses sculptures se dégage un soupçon de Brancusi. Si la matière est brute, la lecture est archaïque, proche de l’art mobilier (œuvres préhistoriques mobiles).

«L’utilisation du grès se lit simplement sur certaines œuvres, pour d’autres c’est moins évident», développe la responsable du centre. En effet, une création est profondément trompeuse pour l’œil novice.

En réalité conçue à partir de grès émaillé, une sculpture de la série Mode d’emploi semble être faite de cuivre tant le «vert-de-gris» paraît une évidence. «Entre ses sculptures et ses toiles, vous trouvez des échos» tant «au niveau de la forme que de la texture. Le papier, artisanal, à une résonance avec la terre», exprime Adília Martins de Carvalho. Les formes colorées, géométriques voire schizophréniques, fusionnent avec les reliefs et imperfections des sculptures.

À l’instar du «Maître» Pierre Soulage, l’artiste propose deux créations picturales noires, au premier abord. Finalement, ces traits de pastel sont incrustés de violet, bleu, rouge. Une noirceur qui rompt avec la ligne directrice de l’exposition, créant ainsi un sentiment d’instabilité, de malaise. In fine, Vasco Futscher s’émancipe des codes pour créer son propre langage entre peinture et sculpture.

Mathilde Ledroit