Figure majeure de l’art de ces dernières décennies, Jeff Wall sera célébré en octobre par le Mudam qui, à travers trois expositions, mettra aussi en valeur ses premières acquisitions.
Depuis l’éviction d’Enrico Lunghi et l’arrivée de la nouvelle directrice, Suzanne Cotter, à la tête du Mudam, les controverses et annonces se sont succédé au cœur d’un débat houleux sur l’avenir de l’institution. La dernière en date et pas des moindres était le déménagement de la fameuse Chapelle de l’artiste belge Wim Delvoye, symbole populaire du musée, pour «faire de la place».
Quoi qu’il en soit, le calme finit toujours par s’imposer après la tempête et c’est dans une atmosphère collégiale, sereine que la presse a été convoquée pour la présentation du programme automnal. Comme annoncé précédemment par Suzanne Cotter, c’est aux œuvres de la collection que sera donnée une large place à partir de maintenant. Ce ne sont donc pas moins de trois expositions des œuvres acquises par le Mudam dans les années 1990 qui ouvriront leurs portes à la rentrée. «On a voulu mettre en avant des œuvres qui ont été acquises avant l’ouverture du musée, lors d’une décennie marquante pour l’histoire de l’art et que le public n’a pas eu beaucoup d’occasions de découvrir jusqu’ici», explique la directrice.
La première sera consacrée à la peinture des années 1980-1990, avec deux artistes luxembourgeois en tête d’affiche : Tina Gillen et Michel Majerus. La seconde s’intéressera tout particulièrement à la relation entre l’art et l’artisanat, interrogeant ainsi la question de l’ornement, la décoration et sa place dans les arts majeurs. Elle ne présentera pas moins de six artistes internationaux, dont, ironie de l’histoire, l’artiste «lésé» Wim Delvoye avec ses fameux pneus de camion sculptés.
Artiste à polémiques
Troisième volet de ce cycle autour de la collection, la présentation de la pièce phare de l’artiste canadien Stan Douglas, Le Détroit, installation filmique exposée pour la première fois au Grand-Duché et qui occupera toute une galerie au sous-sol du musée. Aux côtés des œuvres de la collection, c’est une exposition rétrospective du photographe controversé Jeff Wall qui s’annonce à la rentrée.
En collaboration avec la Kunsthalle Mannheim, «on a pensé une exposition qui présentera à la fois les pièces mythiques de l’artiste, mais aussi un tout nouveau corpus», racontent les commissaires de la future exposition, Christophe Gallois et Clément Minighetti. Cette exposition sera l’occasion de découvrir ou redécouvrir l’univers singulier de cet artiste, les polémiques qui ont entouré son œuvre, lors de conférences proposées en parallèle. Pour terminer ce programme, Anna Loporcaro, coordinatrice de la biennale «Design City», a d’ores et déjà annoncé la couleur pour cette nouvelle édition qui démarrera en octobre prochain.
Ce sera avec l’exposition «Beyond the New», de Hella Jongerius et Louise Schouwenberg, qui interrogera sur le décalage entre l’expérience du design dans la vie quotidienne et la manière dont on appréhende ces mêmes objets dans un contexte muséal. Un programme de rentrée qui donne, donc, la place au vrai débat qui doit se tenir dans ces lieux : celui de la création artistique et de sa réception, bien loin des discours, donc, qui ont fleuri dans les couloirs de l’institution ces derniers mois.
Mylène Carrière