Pour sa première exposition monographique au Grand-Duché, l’artiste luxembourgeoise Sandrine Ronvaux présente, jusqu’au 24 janvier, sa série L’Envol. Un travail sur le deuil, mêlant dessin et peinture, à découvrir à la galerie Beim Engel.
Certains ont pu découvrir un échantillon des œuvres de Sandrine Ronvaux lors de la dernière exposition du Cercle artistique de Luxembourg durant la première Luxembourg Art Week. Pour ceux qui n’ont pas eu cette chance, elle présente un aperçu de son travail à travers la série L’Envol à la galerie Beim Engel. Un conte personnel qui plante son décor au cœur de la capitale.
Après près de douze années d’expatriation, l’artiste luxembourgeoise Sandrine Ronvaux est de retour depuis près de deux ans au Grand-Duché. Pour sa première exposition monographique dans son pays, elle a choisi de présenter sa dernière série mêlant dessin et peinture, L’Envol , à la galerie Beim Engel.
C’est au cours de son long périple à l’étranger que Sandrine Ronvaux renoue avec la création artistique, dans une des villes les plus prestigieuses en matière d’art, New York. « Lorsque je suis arrivée à New York avec mon mari, nous pensions rester que deux ans tout au plus, donc je ne me suis pas mise à chercher un emploi, mais je me suis décidée à reprendre mes études. C’est au cours d’une formation en restauration de meubles, que le dessin est revenu dans ma vie, pour finalement ne plus me quitter », raconte l’artiste.
C’est aussi la possibilité de découvrir les grands tableaux de maîtres en vrai, ceux qu’elle avait toute sa jeunesse seulement contemplés dans les livres d’art, qui l’ont convaincue de se remettre aux crayons et aux pinceaux. Au cours de son bachelor en Beaux-Arts de la Fashion Institute of Technology de New York et de son master à l’université Complutense de Madrid, elle affine sa pratique et sa recherche picturale.
C’est à Dommeldange, sur l’ancien site industriel de l’ARBED, que Sandrine Ronvaux a installé son atelier depuis deux ans, dans sa contrée d’origine. Au cœur de la capitale, elle présente pour la première fois une exposition monographique : L’Envol , un travail un peu différent de ce qu’elle fait habituellement.
Un travail personnel sur la perte et le deuil
La série que présente l’artiste se regarde et se lit comme une histoire, un conte moderne autour de deux personnages intrigants, un corbeau et une silhouette de femme qui s’animent sur les différents tableaux avec, pour décor, la ville de Luxembourg. « J’ai créé cette série à mon retour au Luxembourg. Ma petite sœur, que je n’avais pas vraiment vu grandir les douze dernières années, a vécu un véritable drame personnel, qui l’a entraînée dans le deuil, la perte, la douleur, la rupture », explique l’artiste.
Ainsi, elle lui a d’abord proposé de créer une chorégraphie à partir de ces sentiments qui l’animaient à ce moment-là. De ces pas de danse, qu’elle a minutieusement enregistrés, elle a pris l’essence des mouvements pour les reproduire sur ses peintures, la silhouette devient parfois multiple et parfois se fait simple et fragile.
À ses côtés, un corbeau est toujours là. Alors qu’il peut parfois devenir un présage de malheur dans la culture populaire, il prend ici des airs de miroir ou de figure protectrice, c’est aussi un clin d’œil à leur présence, si nombreuse, au Luxembourg.
Sous les traits des peintures de Sandrine Ronvaux, on découvre des journaux dont certains titres semblent nous jeter leur message à la figure, comme pour appuyer l’étrange scène qui se déroule devant nous, ou d’autres résonnent tristement avec l’histoire de cette jeune fille sans jamais nous la révéler complètement. « C’est toute la métamorphose de ce personnage que je montre au long de ma série, sa reconstruction. Au début, elle est complètement recroquevillée, pour finalement prendre son envol », ajoute-t-elle.
Entre peinture, illustration, collage, le travail de Sandrine Ronvaux raconte une histoire, celle que sa famille a vécue, et, à travers elle, elle parle sur notre histoire à tous, sur ces étapes qui viennent jalonner notre existence, nous bousculent, nous terrassent. Chaque couche de son travail révèle une strate, comme autant d’indices à découvrir dans ce conte pictural.
Mylène Carrière
Galerie Beim Engel – Luxembourg. Jusqu’au 24 janvier.