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[Expo] «Casser ou du moins fissurer» ces murs qui nous séparent


"Hope For a New Life" montre un migrant tentant de passer les barbelés entre la Serbie et la Hongrie avec un bébé dans les bras. (©Warren Richardson)

Le festival CinEast, propose dans le cadre de sa traditionnelle exposition, «Down with Walls !», un projet regroupant les travaux de six photographes sur les murs aussi bien visibles qu’invisibles qui nous séparent.

Le Mur de Berlin est bien présent dans l’exposition «Down with Walls !» à découvrir en ce moment dans les caves voûtées de Neimënster dans le cadre du festival CinEast. Son existence, sa chute ne sont pourtant que le point de départ de cette exposition mise sur pied par le curateur Dariusz Trzesniowski.

Car s’il est ici question de quelques-uns des «40 000 km de murs existant actuellement partout dans le monde», comme le rappelle la directrice des lieux, Ainhoa Achutegui, il est question également de murs, de barrières d’un tout autre ordre : immatériels, invisibles, psychologiques, intérieurs… de nos sociétés d’aujourd’hui.

Les barrières en béton, en métal, en fil de fer barbelé… sont au cœur du travail de l’Allemand Kai Wiedenhöfer, mais aussi du fantomatique «Domestic Borders» de l’Italien Tommaso Rada ou encore avec le très beau projet «The Plagued Generation» de l’Australien Warren Richardson – lauréat du World Press Photo Award 2016 pour son cliché Hope For a New Life (photo).

Des murs qui préfigurent l’exclusion

La photo montre un migrant tentant de passer les barbelés entre la Serbie et la Hongrie avec un bébé dans les bras. Des migrants, Richardson, comme Rada, en a photographié aussi une fois les frontières franchies. Délaissés, à la rue, maltraités… ils sont une des grandes figures des exclus de ces murs.

Les autres sont les personnes en situation de handicap, qu’illustre avec beaucoup de force et de dignité le Polonais Krzysztof Goluch dans «Every Seventh One», ainsi que les toxicomanes, immortalisés eux aussi par Warren Richardson.

Pour tous ces laissés-pour-compte, «les murs, c’est concret», tonne Radek Lipka, directeur de CinEast et coordinateur de l’exposition. «Le but est de casser ou du moins fissurer ces murs pour créer une communication, une entente», ajoute celui qui a participé au choix des six projets sélectionnés parmi la cinquantaine proposés.

Des projets qui, au-delà de leur intérêt photographique, visuel, soulèvent des interrogations, amènent à réfléchir, touchent à l’actualité. C’est encore le cas de «F(l)ight», le travail de Deividas Buivydas montrant la réalité de la communauté lituanienne dans une petite bourgade anglaise, juste après le référendum sur Brexit. Un vote qui a exacerbé des tensions déjà présentes entre les communautés. «Un thème important ici au Luxembourg où les communautés vivent souvent les unes à côté des autres», note Radek Lipka.

Reste «Eastern Blocks», du collectif Zupagrafika, avec ses photos de bâtiments et architectures typiques de l’ancien bloc de l’Est, désormais symbole de division et d’exclusion sociale. Autre preuve, selon les responsables, que les murs préfigurent l’exclusion.

Pablo Chimienti

A Neimënster – Luxembourg. Jusqu’au 22 octobre.