Au château de Malbrouck (Moselle), une exposition espérée pour avril célèbre Astérix, non plus le Gaulois, mais l’Européen !
Depuis quatre ans, la ville de Malbrouck s’est spécialisée dans le 9e art, à travers un festival de BD et des expositions pour appuyer cette heureuse orientation. Après Hergé, père de Tintin (75 000 visiteurs pour l’occasion), c’est au tour d’un autre héros d’avoir les faveurs du château : Astérix, le plus irréductible des Gaulois. Enfin, pas si robuste que ça, puisque l’année dernière, il a dû finalement déposer les armes face à la pandémie. La date était pourtant bien choisie, coïncidant avec le 70e anniversaire de la déclaration de Robert Schuman, texte fondateur de la construction européenne.
Car oui, le personnage inventé par Goscinny et Uderzo en 1959 est un Européen convaincu, comme le prouvent ses nombreux périples, de l’Italie à l’Espagne en passant par l’Angleterre. Ce que confirme Dionen Clauteaux, directeur éditorial chez Albert René, invité lundi à Metz : «Il est né à la même période que la CEE (Communauté économique européenne), et dans ses aventures, il va à la rencontre de tous les peuples, caricature ses voisins.» Mieux, en s’affichant à Malbrouck, il se rapproche de l‘Allemagne, autre terre où il est adulé : «Astérix y est très populaire», poursuit-il. Pour preuve, notamment, «des chiffres de vente presque aussi importants qu’en France».
Planches originales de La Serpe d’or
«Astérix l’Européen», prochainement étalé sur sept salles et quelque 1000 m2, s’attache à cette mixité jusque dans son allure : on devrait y trouver, pêle-mêle, des menhirs, des Romains planqués dans les interstices, la hutte de Panoramix, des sculptures, Vercingétorix, des détournements de peintures célèbres… Clou de cette balade, qui ira de Rome à la Grèce antique : La Serpe d’or, deuxième album de la série, doublement déclinée. D’abord, à travers 19 planches originales (et d’autres documents rares), prêtées par la Bibliothèque nationale de France. Ensuite, avec l’édition de 1 000 exemplaires «de luxe», devant satisfaire les collectionneurs.
Reste qu’aujourd’hui, l’ennemi, coriace, est toujours le même qu’en mai dernier : un virus qui empêche toute forme de perspective. Pourtant, Patrick Weiten, président du département de la Moselle, en veut, surtout «que les chiffres s’améliorent». D’où la promesse d’une ouverture fixée à début avril. «Soyons optimistes et irréductibles !», clame-t-il, comme pour se convaincre d’une éclaircie que tout le monde attend. Gageons alors, comme dans Astérix et la Transitalique (2017), que Coronavirus sache se tenir à sa place, et permette d’apprécier Astérix et sa bande comme il se doit : dans un gros éclat de rire.
Grégory Cimatti
«Astérix l’Européen », Château de Malbrouck. Du 3 avril au 28 novembre.