Accueil | Culture | Expo à Neimënster : l’imagination d’August Clüsserath au travail

Expo à Neimënster : l’imagination d’August Clüsserath au travail


Sous le cloître Lucien-Wercollier, les séries d'August Clüsserath attendent les visiteurs. (photo Sarah Melis)

En hommage au peintre allemand August Clüsserath (1899-1966), l’un des artistes les plus importants de la Sarre, Neimënster dévoile une partie de ses œuvres sous le cloître Lucien-Wercollier.

Sous les voûtes du cloître Lucien-Wercollier, à l’abbaye de Neumünster, quelques-unes des œuvres – pour la plupart non nommées – d’August Clüsserath sont présentées au public. Accrochées aux murs, des séries peintes à l’encre de Chine sur du papier noir, blanc, rouge, bleu, rose ou violet, des images en vernis noir et blanc, des dessins sur papier, qui rappellent parfois la calligraphie d’Extrême-Orient.

Des formes abstraites, graphiques, superposées. Du crayon, de la gouache, de la peinture à l’huile ou acrylique; une multitude de techniques et d’influences oscillant entre inspiration cubiste, tachiste, ou proches de l’art d’Henri Matisse. Si son œuvre n’était pas reconnue de son vivant, ce sont des décennies d’évolution artistique qui ont permis d’en comprendre toutes les inspirations. Un véritable laboratoire pour les connaisseurs d’art abstrait.

photo DR

photo DR

Liberté de l’art, liberté d’interprétation

Pour toutes les œuvres ou presque, une caractéristique commune : celle de laisser au spectateur le soin de les regarder attentivement, de très près, ou de s’en éloigner et de les interpréter… Né en 1899 à Völklingen, en Allemagne, l’artiste échappa à son enrôlement lors de la Première Guerre mondiale et pu dès 1919 faire des études. D’abord comptable, puis dessinateur en bâtiment, c’est finalement à l’école Kunst und Kunstgewerbe Saarbrücken qu’il étudia l’art, de 1926 à 1932.

Après sa formation, il commença un travail assez personnel et, de retour d’un bref passage à Berlin, il revint en Sarre en 1949 où il fut membre du groupement artistique «Neue Sezession», puis, à partir de la fin des années 50, du «Neue Gruppe Saar». Certains contacts furent alors établis avec la scène internationale, notamment avec le mouvement Zero. Outre le fait d’accorder une certaine visibilité à des jeunes artistes, ce groupement leur permettait d’exprimer ce qui les animait réellement : une volonté de se démarquer de l’art informel alors en vogue, dans une Allemagne encore marquée par les ravages de la Seconde Guerre mondiale. Pour en exorciser ses démons, et être libre de créer.

Photo Sarah Melis

Photo Sarah Melis

Hommage à l’accro de la liberté

Pour August Clüsserath, qui compte aujourd’hui parmi les plus importants artistes peintres de la Sarre, la notion de liberté était capitale, tant pour l’artiste que pour le spectateur qu’il voulait défaire de toute influence et lui permettre de laisser libre court à son imagination, guidé par sa propre réflexion, ses propres émotions, sa propre sensibilité. Pour lui, il était important que ce dernier ne soit pas conditionné par une interprétation venue d’ailleurs que de son for intérieur.

Une grande partie de son travail consistait à partir d’une idée précise, en faire une œuvre et la décliner en cinq autres modèles différents, chaque fois plus éloignés de l’idée principale, toujours plus abstraits. La quasi-totalité de son travail reposait sur l’absence de titre, toujours pour favoriser l’imaginaire et exclure toute influence sur le spectateur de sa part. Il plaçait la liberté et l’émotion au centre de son art.

Organisée par Neimënster en collaboration avec le musée St. Wendel (Allemagne) et la galerie Nosbaum Reding à Luxembourg, l’exposition rend hommage à cet accro de la liberté. C’est la première fois au Luxembourg qu’une exposition est exclusivement dédiée à l’artiste.

Sarah Melis

Neimënster – Luxembourg. Jusqu’au 1er octobre 2017.