Le Mudam propose de découvrir d’un peu plus près un des artistes de sa collection et pas des moindres : l’artiste allemand Franz Erhard Walther.
De drôles de sculptures et de formes colorées ont envahi le premier étage du Mudam depuis quelques jours, qui ne sont autres que les œuvres de l’artiste allemand Franz Erhard Walther. Près de 50 ans de création et de réflexion sur la forme, l’interactivité et l’architecture sont ici proposés par ce grand enfant de 76 ans. Une manière innovante de découvrir plus en profondeur un artiste de la collection du musée.
Le point de départ est ici une série de 58 dessins, encadrés et posés délicatement sur les murs, comme s’ils flottaient dans l’air, en guise d’entrée dans le monde étrange et fascinant de Franz Erhard Walther. Dans ce sens, il est souvent difficile de résumer plus de 50 ans d’une carrière courant sur des périodes de l’histoire de l’art aussi charnières, mais on peut dire que Walther a dépassé les clivages avec beaucoup humour et de délicatesse.
Il faut aborder son œuvre dans son intégralité et son historicité. Devant ses modules aux couleurs chatoyantes, il demande aux spectateurs de devenir acteurs de la création tout en éprouvant l’espace et l’architecture. En effet, derrière ses drôles d’installations, Franz Erhard Walther invite en réalité le public à activer ses œuvres, à les habiter, à modifier leurs contours… Une interactivité lente qui a vu ses débuts à une époque où réseaux sociaux et tablettes n’étaient que de la SF.
Bousculer les carcans de l’art
« J’ai commencé ma recherche artistique à la fin des années 1950. C’était une époque charnière dans l’histoire de l’art. Le langage de l’art moderne et ses formes ne m’intéressaient pas beaucoup, je me sentais très limité. J’ai donc commencé à expérimenter des choses, à questionner les conditions mêmes de la création artistique », explique l’artiste.
C’est en effet au matériau, à l’action et à l’exposition même et son espace qu’il s’intéressera, marquant ce basculement vers l’art contemporain qui va questionner l’acte de création lui-même, bousculer les carcans entre les médiums. La peinture se fait tridimensionnelle, alors que la sculpture s’accroche au mur… Tout est fait pour perdre les spectateurs dans leurs repères, jusqu’à la notion d’espace même – les habitués des lieux se retrouveront eux aussi vite perdus au milieu des salles transformées.
Ce ne sont pas seulement des bouts de tissus suspendus au mur que le Mudam propose aux spectateurs : c’est une expérience, de l’espace, du temps et d’un mode d’interactivité physique que le numérique nous a fait vite oublier…
Mylène Carrière