Accueil | Culture | Esch-sur-Alzette : un festival de flamenco envoûtant

Esch-sur-Alzette : un festival de flamenco envoûtant


Juan Manuel Fernández Montoya… Un nom qui sonne comme un héros de roman, aux galions et trésors perdus, aux guerres et aux vengeances inassouvies, personnage à la rose aux lèvres et au mousquet à la main.

À la fois conquérant et élégant, sensible et sauvage, un peu comme le toréro, si fier et pourtant si peu de choses face à l’œil noir de la bête. Sous son diminutif, le danseur Farruquito rappelle qu’il est issu d’une famille qui pense et respire le flamenco, reconnue sur ses terres d’Andalousie, de génération en génération. Car cet art se transmet, se partage, se communique. Voilà une philosophie qui s’est ressentie vendredi soir, au théâtre d’Esch-sur-Alzette, hôte désormais traditionnel de la première soirée du FlamencoFestival.

Sur scène, d’abord, avec un quintette de chanteurs (Mari Vizárraga, Antonio Zúñiga, « El Zambullo »), guitariste (Román Vicenti) et percussionniste («El Polito »). Comme une seule et même entité, l’ensemble distillait ses oscillations rythmiques dans une maîtrise ébouriffante. Il n’y avait là qu’un seul corps qui s’animait de haut en bas, des pieds aux mains, des martèlements au sol aux claquements de doigts, ne se divisant que pour mieux clamer ses joies et ses peines. Devant ses voix douloureuses, Farruquito s’appropriait la scène, diable sur talonnettes, martyr de parquet, démontrant que si sa danse peut-être technique et théâtrale, elle s’avère, dans son essence même, brute et pure.

Dans la salle, ensuite, où la communauté espagnole et les autres semblaient électrisés par l’énergie et la fougue des artistes, ne pouvant réprimer, comme eux, des « olé » libérateurs, encouragements mutuels face aux efforts consentis. Un public qui, au vu de son ardeur, n’aurait demandé qu’à se rapprocher un peu plus du spectacle, pour le ressentir plus intensément, être avec eux, physiquement. Pour un démarrage, cette 11e édition – qui s’achève le week-end prochain – a fait fort, avec une longue standing ovation de 600 personnes. Gageons que l’audience saura poursuivre dans cette voie toute tracée et que les cœurs rythmeront à nouveau les passions gitanes. Comme un souffle de vie à l’unisson.

Grégory Cimatti

Le FlamencoFestival Esch se déroule jusqu’au 4 juin.

http://kulturfabrik.lu