Avec Rise Like A Phoenix et son personnage de Conchita Wurst, l’artiste autrichien avait su s’imposer et bousculer les règles. Il continue depuis de tracer sa route. Avec son troisième album Truth Over Magnitude, Tom Wurst se dévoile sous un nouveau jour.
Votre nouvel album est un mélange de dance, de pop et d’électro. Vous ressemble-t-il davantage que les précédents ?
Tom Wurst : J’ai évolué en tant que personne et je crois que mes goûts musicaux ont évolué aussi. J’adore les ballades et les mélodies un peu dramatiques mais j’ai toujours aimé l’électro. En privé, quand je sors en club, c’est ce que j’aime le plus. J’ai voulu que ce disque soit le plus proche possible de ce que j’écoute.
Aviez-vous dès le début pensé à la scène ?
Oui bien sûr. De plus, c’est aussi un exercice intéressant car il faut ruser pour reproduire sur scène des sons que l’on a réussi à faire en studio. Il faut parvenir à retranscrire une musique assez organique avec aussi des sons très électro. Je voulais que la scène soit le reflet de tous ces mélanges.
Quelle chanson préférez-vous ?
C’est une question très difficile car évidemment, je les aime toutes. Je dois cependant reconnaître qu’à chaque fois que les gens me parlent de l’album, Resign se démarque. C’est une chanson calme, il n’y a pas trop de paroles et cela laisse de la place à la respiration. J’aime ce sentiment de pouvoir prendre le temps et de se laisser aller.
Que proposez-vous pour ce nouveau show ?
Je mets bien sûr mes nouvelles chansons à l’honneur et il y a aussi les plus anciennes. Nous avons habillé celles-ci avec de nouveaux costumes. J’aime aussi parler avec le public car j’ai beaucoup de choses à partager. J’ai vraiment voulu créer une atmosphère pour cette tournée et laisser la musique me guider.
Sur cet album, on oublie Conchita et on découvre Tom. C’était votre objectif ?
Ce n’est pas forcément ce que je veux, c’est surtout ce que les choses sont. Je veux que celui que je suis sur scène soit le plus proche possible de mon état d’esprit. Je continue de faire des photos avec du maquillage par exemple et je pense que tout est une question de liberté.
Est-ce lourd à porter parfois d’être considéré comme un symbole de liberté et de tolérance, mais aussi d’avoir quelques détracteurs ?
Quand les gens sont touchés par ce que je dis, par ce que je fais, quand on fait référence à moi comme un symbole, c’est assez dur car je ne me vois pas ainsi. Je suis juste moi-même et je ne pourrais pas faire d’une autre façon. Quand les gens me complimentent pour ça, c’est compliqué aussi car si j’avais eu une famille différente, un entourage différent, j’aurais été une personne tout à fait autre.
Dans quelle mesure l’Eurovision a changé votre vie ?
Bien plus que l’on ne peut l’imaginer. Comme beaucoup de monde, je regardais ce show depuis tout petit et je restais éveillé jusqu’à la fin. Avoir gagné ce concours a totalement bousculé ma vie et m’a permis de faire et de vivre des choses auxquelles je n’aurais pas pensées.
Comment regardez-vous le début de votre carrière ?
Je chante et je danse depuis que je suis un petit garçon. Je dirais donc que ma carrière a commencé très tôt. (rires) Sinon, je dirais que tout a été très rapide car j’ai commencé à interpréter le personnage de Conchita en 2011 et seulement trois ans après, j’ai gagné l’Eurovision. Depuis, j’ai sorti trois albums et je pense avoir fait pas mal de choses.
Quel conseil donneriez-vous au petit garçon que vous étiez ?
J’aimerais tout d’abord qu’il ait la même enfance que celle que j’ai connue, assez paisible. On peut à l’école, en particulier pendant son adolescence, connaître des moments assez compliqués et stressants, que vous soyez gay ou non, que vous ayez des lunettes ou non… Je pense qu’il faut apprendre à se rendre soi-même heureux, à découvrir ses propres talents et à faire ce que l’on a envie de faire.
Jean-Paul Gaultier a tiré sa révérence il y a quelques semaines avec un dernier défilé. Vous avez travaillé et défilé pour lui. Que représente-t-il pour vous ?
Il est un artiste absolument incroyable. Il a toujours été chaleureux et bienveillant avec moi. Il est très ancré dans le réel. Quand il parle avec vous, il y a toujours quelque chose très concret et c’est aussi ce que j’aime chez lui. Je ne sais pas ce qu’il prépare pour la suite mais je suis certain que ce sera fabuleux.
Quels sont vos prochains projets ?
Je n’en ai absolument aucune idée. Pour être tout à fait honnête, j’avance toujours un pas l’un après l’autre. Cette année, je vais m’installer deux mois à Amsterdam pour trouver de nouvelles inspirations. Je vais bien sûr continuer à faire de la musique mais j’ai aussi très envie d’être acteur.
Peut-on espérer vous retrouver au Luxembourg ?
Je l’espère. Je suis venu une seule fois et ce n’est définitivement pas assez. (rires) Il faut vraiment que je revienne.
Nikolas Lenoir