De retour avec son troisième album Joie de vivre, Louane s’y affirme plus que jamais. Abordant l’amour, sa récente maternité et s’engageant contre les violences faites aux femmes, l’artiste s’est notamment entourée de Damso et de Soolking, explorant ainsi de nouvelles sonorités.
Elle nous a confié la genèse de ce disque, enregistré et sorti en cette année pour le moins particulière.
Quel a été votre état d’esprit en faisant cet album ?
Je n’avais pas d’état d’esprit particulier pour la création de ce disque. Je voulais tout simplement partager avec les gens ce que je ressentais et qu’ils puissent mieux me comprendre. C’est dans cet objectif que j’ai fait ces chansons.
Après deux albums ayant été des succès importants, vous avez pris une pause médiatique. C’était un besoin ?
Complètement. J’avais besoin de prendre du recul et de réaliser ce qui m’était arrivé. J’avais aussi celui de me ressourcer, de prendre du temps pour moi, de voir ma famille, de voyager…, et c’est d’ailleurs tout cela qui m’a permis de trouver l’inspiration pour ce nouveau disque.
Vous êtes devenue maman au printemps. Comment est-ce que cela a pu influer sur ce disque ?
Il y a effectivement une chanson qui en parle mais la plupart des chansons a été enregistrée avant que ma fille ne soit née.
Cette très belle chanson qu’est A l’autre, évoque la filiation mère/fille, le lien avec votre mère mais aussi celui avec votre fille. Est-ce une façon de boucler la boucle avec votre titre Maman ?
Je n’y avais pas pensé mais la réflexion est très juste. Il n’y a pas de liens à la base mais il est évident qu’aujourd’hui, tout cela est lié.
Vous êtes revenue cet été avec le titre Donne-moi ton cœur écrit et produit par Damso. Qu’est-ce que cette collaboration vous a apporté ?
Elle a tout d’abord été très naturelle et elle a été très nutritive dans le sens où j’ai appris énormément avec lui, que ce soit sur ma façon de travailler, sur le partage dans la musique… Cela m’a permis aussi d’aller dans un univers, le hip-hop, dans lequel je n’avais pas vraiment été. Tout cela n’a été que bénéfique.
J’ai eu la chance sur mes albums précédents de m’épanouir, d’apprendre et de savoir où je voulais aller
Autre collaboration assez inattendue avec Soolking sur Toute ma vie. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Honnêtement, j’ai fait une obsession sur lui pendant le confinement. (rires) J’ai écouté beaucoup de ses lives et je lui ai proposé de faire un featuring. Quand nous avons été déconfinés, nous l’avons fait et c’était vraiment un plaisir.
C’est votre disque à la fois le plus varié dans ses sons, les thèmes abordés aussi mais aussi le plus affirmé. Avez-vous le sentiment qu’il vous fait passer un cap en tant qu’artiste ?
Je ne sais pas mais c’est en tout cas l’album dans lequel je me suis le plus impliquée. J’ai eu la chance sur mes albums précédents de m’épanouir, d’apprendre et de savoir où je voulais aller. Cela a donc été déterminant pour celui-ci.
Avez-vous l’impression sur vos albums précédents que les choses ont été très vite ou que vous n’en avez pas assez profité ?
Cela a été assez vite mais je n’ai pas le sentiment de ne pas en avoir profité. J’ai bien réalisé ce qui se passait au moment où cela se passait. J’ai conscience de cette chance d’avoir vécu et de vivre tout ça.
Une petite embrouille prend pour moi une ampleur sentimentale immense, du coup, j’ai tendance à en faire des tonnes
Vous êtes comblée dans votre vie privée et avec des titres comme Désolée, Aimer à mort ou encore Love, vous chantez l’amour tourmenté. Comment sont nés ces titres ?
Pour être très honnête, je n’ai pas réellement de mesures. Je n’ai jamais vraiment eu la possibilité d’avoir un juste milieu car tout ce que je vis est toujours très intense. Cela peut donc créer cette impression d’amour tourmenté. La vérité est qu’une petite embrouille prend pour moi une ampleur sentimentale immense, du coup, j’ai tendance à en faire des tonnes à chaque fois. (rires)
Avec le titre 3919, vous vous engagez contre les violences faites aux femmes. C’était important pour vous de le faire sur ce disque ?
Cela fait assez longtemps que je suis engagée pour les droits des femmes, et pour la protection humaine, en général. C’était important pour moi de le faire, surtout en ce moment, et je continuerai toujours à le faire. Honnêtement, cette chanson a été assez difficile à écrire. J’ai la chance de n’avoir jamais été confrontée à ces violences et c’est un sujet tellement sensible.
Dans quel sens est-ce une chanson difficile à écrire ?
Je ne voulais pas que les gens soient mal à l’aise en l’écoutant dans le sens où par chance, je n’en ai jamais été victime, je ne peux donc pas me mettre à leur place. Cela a donc été énormément de travail, de doutes et nous avons réécrit le texte mille fois. Je voulais que la chanson reste douce pour les personnes ayant vécu des choses aussi atroces.
Un album riche en titres, et ceux-ci sont souvent assez courts, donnant un rendu assez condensé. C’était une volonté ?
J’avoue que c’est arrivé plutôt par hasard. A part pour Donne-moi ton cœur dont nous avons fait une version plus courte pour les radios, ce n’est pas quelque chose à laquelle je réfléchis en général.
Avez-vous une chanson que vous aimez particulièrement sur votre album ?
Il y en a deux en fait et ce sont Peut-être et Poésie indécise. Je trouve qu’elles me collent à la peau et elles sont vraiment honnêtes avec ce que j’ai pu ressentir ces dernières années.
Est-ce compliqué de sortir un album en 2020 ?
Je ne sais pas si c’est compliqué mais c’est en tout cas assez spécial. On ne peut pas faire les choses comme on les fait d’habitude.
Envisagez-vous une tournée ?
J’aimerais répondre oui mais pour l’instant, c’est difficile à dire. C’est trop compliqué de prévoir quoi que ce soit et pour le moment, le plus important me semble de faire attention aux uns et aux autres. Je verrai ensuite ce qu’il est possible de faire.
Des projets cinéma ?
Je lis des choses intéressantes mais je n’ai pas de projets à proprement parler. J’ai cependant très envie de continuer également dans cette voie.
Entretien avec Nikolas Lenoir