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Entre Tim Burton et le Facteur Cheval, l’univers déjanté d’un poète ferrailleur


Robert Coudray, un artiste qui vend du rêve ! (photo AFP)

Tours tordues, sculptures animées, éoliennes colorées, fontaines musicales et jardin enchanté… Bienvenue dans l’univers du poète ferrailleur qui façonne depuis près de 30 ans son village féérique dans le Morbihan, à la croisée entre le monde de Tim Burton et celui du Facteur Cheval.

« C’est un lieu extraordinaire dans mon imaginaire », rêve encore Robert Coudray, le poète ferrailleur… Un lieu devenu réalité dans son « pays perdu » niché en pleine campagne bretonne, dans le petit village de Lizio, en dehors des circuits touristiques traditionnels.

Y entrer c’est accepter d’être hors du temps. Aux sons de légers carillons et de bruits d’eau, le visiteur évolue entre les 15 tours et les 70 automates de ce monde enchanté d’un hectare. Il est même possible de se faufiler dans certaines tours, hautes de quatre à quinze mètres, faites de terre, de pierres et de bois. Tous les éléments colorés qui les constituent sont comme posés les uns sur les autres, en équilibre instable.

Pour tromper l’ennui

« C’est magnifique, c’est enchanteur, c’est comme si on retrouvait notre âme d’enfant à travers tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il donne, et dans chaque détail », commente une visiteuse. Ce lieu improbable, « c’est devenu mon outil de travail. Suivre ses rêves est un chemin difficile mais qui en vaut la peine », assure Robert Coudray, 65 ans. Car avant d’en arriver là, l’artiste a eu d’autres vies. Celle d’un tailleur de pierre, d’un fabricant de chars de carnavals, d’un prof de techno, d’un crêpier ou encore d’un agriculteur…

Jusqu’au déclic. A Lizio, il s’imagine une autre vie. « Un jour je m’ennuyais donc j’ai commencé à faire des cabanes, des petites cabanes… et comme je m’ennuyais, je les ai faites tordues », sourit-il. Depuis, cette passion ne le quitte plus. Aux tours biscornues, il ajoute les « sculptures animées ». Sa marque de fabrique c’est « le mouvement » en donnant vie aux machines ou aux fontaines. Pour les construire, il arpente les déchetteries et repart avec ses trouvailles hétéroclites en bois, en ferraille et autres matières en tout genre et leur redonne une âme dans son atelier.

35 000 visiteurs par an

« C’est du travail de qualité, le bois tout ça, tout ce qu’il travaille, le fer, les soudures c’est vraiment super. Les mécaniques qui sont en mouvements c’est hyper synchronisé, c’est vraiment… c’est super impressionnant », assure un autre visiteur habitué des lieux. Les aviateurs, les gitans, les nomades et le monde du cirque sont au cœur de l’univers du poète ferrailleur. « J’aime tout ce qui n’est pas dans la norme, tout ce qui est de travers », résume le créateur.

Avec ce petit village Robert Coudray a le sentiment d’avoir « trouvé sa place dans ce monde » et il embarque chaque année 35 000 visiteurs dans son incroyable aventure. Les enfants, impatients de découvrir chaque recoin, actionnent les automates encore et encore. Les adultes replongent dans leurs tendres années, sourire aux lèvres, mais cherchent aussi, d’un regard amusé, le fonctionnement de ces drôles de machines.

Malin, l’enchanteur

« C’est surprenant cet attrait du public mais je le vis humblement. Je ne fais pas mieux qu’une mère qui élève un enfant », explique l’artiste qui veut inviter les visiteurs « à découvrir ce qu’ils ont à l’intérieur d’eux-mêmes ». Pour lui, « l’objectif dans cette vie est de semer et de donner du bonheur ». Insatiable, le poète ferrailleur est aussi réalisateur à ses heures, un rêve de gosse, et s’est lancé cette année dans un nouveau long-métrage avec comme décor son univers enchanté.

Mais Robert Coudray n’en oublie par pour autant ses machines, ses fontaines et ses tours. D’année en année, son village s’agrandit. « C’est très timide ce que je fais aujourd’hui, j’ai besoin de plus d’audace, d’avancer encore plus loin. J’ai une vision d’où je veux aller et ça va durer encore 15 à 20 ans ». L’artiste s’est fixé plusieurs exigence: le tout devra être beau, paisible, équilibré et harmonieux. « Je veux être ébahi comme un enfant devant son palais de prince ou de princesse ».

Le Quotidien/AFP