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Un grand patron britannique en trois jours gagne autant qu’un salarié en un an


Le Trésor britannique a annoncé la semaine dernière une augmentation du salaire minimum. (illustration AFP)

Les grands patrons au Royaume-Uni ont déjà perçu lundi, après seulement trois jours ouvrés en 2020, l’équivalent de la rémunération annuelle moyenne d’un salarié, illustrant les énormes écarts de revenus dans le pays, révèle une étude de deux centres de recherche.

En moyenne, le directeur général d’un groupe appartenant à l’indice boursier FTSE-100, qui comprend les plus grandes capitalisations britanniques, touche une rémunération 117 fois plus élevée que le salaire moyen, selon les calculs du High Pay Centre et du Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD).

Selon les derniers chiffres disponibles, un salarié au Royaume-Uni a gagné 29 559 livres (34 752 euros) en 2018, soit ce qui a été touché en trois jours par un grand patron, qui a perçu, lui, 3,46 millions de livres sur l’année. Cette journée est traditionnellement baptisée le « Fat Cat Day » ou « jour des gros bonnets » par ceux qui dénoncent les disparités de rémunération dans les grandes entreprises britanniques. Dans leur rapport, les deux centres de recherche estiment que le sujet des hauts revenus sera l’un des grands enjeux de 2020.

Ce sera la première année au cours de laquelle les entreprises britanniques de plus de 250 employés seront obligées de dévoiler l’écart de salaire entre le directeur général et le salarié moyen. « Publier les chiffres n’est qu’un début. Il faut que les entreprises s’expliquent et justifient les très hauts niveaux de rémunération pour leurs principaux dirigeants », estime Peter Cheese, directeur général du CIPD. Pour Luke Hildyard, directeur du High Pay Centre, ces écarts de revenus « contribuent à faire du Royaume-Uni l’un des pays les plus inégalitaires en Europe ».

Dans un pays fragilisé par une décennie d’austérité, les inégalités ont été au centre de la campagne électorale pour les élections législatives de décembre, remportées largement par les conservateurs face à des travaillistes qui ont pourtant centré leurs attaques sur les plus riches. Le Premier ministre Boris Johnson, qui a gagné du terrain dans les bastions du Labour du nord et du centre de l’Angleterre, entend désormais augmenter les dépenses publiques et cibler ces régions défavorisées.

Le Trésor britannique a notamment annoncé la semaine dernière une augmentation du salaire minimum, qui va augmenter de 6,2% pour les employés de plus de 25 ans au 1er avril pour passer à 8,72 livres de l’heure. La ministre des Entreprise Andrea Leadsom estime quant à elle que le rapport publié lundi sur les écarts de revenus est « choquant ». « Les chiffres sont un peu meilleurs que ce qu’ils étaient (…) mais la situation est encore inquiétante en particulier dans ces cas où les dirigeants ont été récompensés même s’ils ont déçu leurs salariés et clients », souligne-t-elle.

LQ/AFP