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En Colombie, des enfants super-héros grâce à des prothèses ludiques


La petite Colombienne Shaio Valeria Novas essaie une prothèse aux couleurs de Wonder Woman, le 12 juin 2017 à Bogota. (Photo : AFP)

Shaio Valeria Novas se sent comme Wonder Woman: cette fillette colombienne de six ans, qui souffre d’une malformation congénitale à la main gauche, vient d’enfiler une prothèse aux couleurs de la super-héroïne, grâce à une société d’impression 3D déterminée à lui redonner le sourire.

«Malheureusement, quand j’étais enceinte d’elle, elle a eu des problèmes de poids, donc il y a eu un décollement du placenta et cela a eu un impact sur sa main», raconte Julia Andrea Giraldo, sa mère.

Cette dernière se souvient que les docteurs lui avaient prédit que sa fille mourrait peu après la naissance. Et pourtant, la voilà en train de regarder avec émotion Shaio Valeria (qui signifie «coeur vaillant» selon Julia) enfiler la prothèse aux couleurs rouge et bleu de Wonder Woman, dont elle joue justement avec la poupée.

Derrière cette innovation, quatre jeunes Colombiens qui ont créé l’entreprise Fabrilab, qui crée des prothèses imprimées en 3D pour les enfants souffrant de malformations aux extrémités supérieures, avec deux conditions: que ces prothèses leur permettent d’attraper des objets et que leur look soit le plus ludique possible.

Dans le cas des parents de Shaio Valeria, ce sont leurs recherches sur internet d’un moyen d’aider leur fille qui les ont menés jusqu’à Fabrilab. Ils n’auraient jamais imaginé qu’une telle société existe en Colombie. Quand ils ont contacté l’entreprise, celle-ci a d’abord mené une étude sur la condition médicale de la fillette et sur les ressources économiques de la famille.

Coûts réduits

Yusef Muñoz, directeur général de Fabrilab, explique que si les candidats n’ont pas les moyens de payer la prothèse – comme c’est le cas des parents de Shaio Valeria -, elle est fournie gratuitement. Sinon, l’argent qu’ils versent sert à financer d’autres prothèses pour les plus démunis, de même que l’apport de dons extérieurs.

L’entreprise a réduit fortement les coûts de production: ses prothèses coûtent l’équivalent du salaire mensuel minimum en Colombie, environ 250 dollars, tandis qu’une «prothèse normale de main peut coûter 25 000 dollars» sur le marché, explique Yusef Muñoz. Et c’est l’enfant qui choisit le super-héros qu’il souhaite incarner.

«Maman, papa, maintenant je peux lancer un ballon, je peux attraper un verre avec la main», s’exclame, radieuse, Shaio Valeria, petite fille aux cheveux bruns et aux boucles d’oreille dorées. «Quand j’ai mis (la prothèse), j’ai senti que j’avais un bras». «Depuis qu’elle a sa prothèse, elle peut faire des choses comme attraper une boisson, elle essaie d’écrire, elle fait déjà bouger le stylo» avec ses nouveaux doigts, confirme sa maman émue.

« Un jouet »

Daniel Garavito, cinq ans, a lui aussi un moignon à la place de la main gauche, une malformation de naissance. Mais désormais il est Iron Man, affublé d’une prothèse aux couleurs de son héros, équipée de doigts et remontant jusqu’à l’avant-bras. «Au début, (ce handicap) était très dur à accepter», se souvient sa mère, Milena Medina. «La prothèse l’a beaucoup aidé».

Fabrilab, qui réfléchit à fournir bientôt des prototypes pour les membres inférieurs, crée aussi des prothèses pour les adultes. Mais ses modèles ravissent surtout les tout-petits. «Je crois que ces prothèses les aident beaucoup pour la simple raison qu’elles ressemblent plus à un jouet qu’à une prothèse», estime Mme Medina.

Yusef Muñoz se réjouit de l’effet positif sur le bien-être des enfants: «Quand une personne, un enfant surtout, n’a pas de bras, de jambe (…) il se sent mal à l’aise à cause des enfants» qui se moquent parfois de lui. Une fois ces prothèses enfilées, «immédiatement ce sont eux les stars».

Tout sourire, Shaio Valeria raconte que depuis toute petite, Wonder Woman, dont elle suit les aventures à la télévision, est son personnage préféré. Mais plus tard, «je ne veux pas devenir elle, je veux faire partie de cette équipe (Fabrilab)», qui sont désormais ses nouveaux héros.

Le Quotidien/AFP