La ville de Nandrin, près de Liège, était à la fête ce week-end avec la 25e édition de son festival musical. A cette occasion, nous avons rencontré la pétillante Emji, lauréate de « La Nouvelle Star » en 2015.
Votre nouvel album, intitulé Je, tu, elles sortira en septembre. De quoi va-t-il nous parler ?
Il sera consacré aux femmes comme le fait sous-entendre le titre. Plus précisément, la féminité au sens large du terme. On va évoquer des combats de guerrières, des femmes qui sont assez fortes, des femmes qui ont leur part de faiblesse et leur sensibilité. Mais on va aussi parler d’homosexualité et de transsexualité.
Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous lorsque vous sortez un album ?
C’est flippant parce qu’on espère que cela va toucher un maximum de gens. Je suis très investie dans cette cause, dans ma musique. Fatalement, j’ai aussi envie qu’un plus grand nombre de personnes adhèrent à ma magie. En fait, c’est plus de l’excitation même s’il y a une espèce d’angoisse dans le sens où l’on espère qu’il rencontrera le succès escompté. Mais en même temps, on n’est pas maître du destin.
Vous êtes une artiste à part entière en tant qu’auteur, compositeur, interprète. Comment écrivez-vous vos chansons ?
Je commence toujours par l’air. Je suis très mélodieuse. Après je brode autour. Il y a une histoire ou des mots qui sortent. On appelle cela du yaourt. Quand on entend des notes, c’est comme si on entendait une rumeur, une tendance. C’est donc très influençable. Mes meilleures chansons, je les ai écrites en une heure. J’écris et puis je vois après. J’ai du mal à me dire : « je vais lancer une phrase, je vais y revenir le lendemain ». Je finis par m’y perdre parce que je ne suis pas dans la même humeur, dans le même état d’esprit puis tout devient flou. Tout doit être très spontané.
Vous avez toujours rêvé d’être chanteuse ?
Oui ! Lorsque j’avais 5 ans, j’avais gravé sur la fenêtre de ma chambre « je serai chanteuse ». Je pense que si je retourne dans ma maison d’enfance, je regarderai pour voir si la pluie n’a pas effacé la gravure.
Vous avez commencé par chanter dans le métro. Est-ce un bon endroit pour l’apprentissage ?
C’est une école dure, riche, généreuse, troublante, il y a de tout. On se prend des décharges d’émotion. On se dit que l’on va y arriver, que le rêve est à portée de main parce qu’on a croisé un producteur qui ne va jamais vous rappeler. En revanche, le lendemain, on croise un SDF qui va venir juste vous dire merci d’une voix tremblante pour lui avoir souri. Je suis contente d’avoir vécu le métro avant d’avoir fait « La Nouvelle Star ». Sans cela, je pense que je me serais vautrée fois dix mille.
Pensez-vous que « La Nouvelle Star » ou « The Voice » sont aujourd’hui des passages obligés si on veut faire carrière dans la chanson ?
Non parce qu’il y a des artistes qui font carrière sans avoir fait ce genre d’émission (rires). Ce qui compte avant tout, c’est de travailler, d’être intelligent au sens stratégique. Aujourd’hui, je suis entièrement indépendante, je monte ma petite entreprise, ma carrière d’artiste. Je pense que ce métier est très passionnant parce que je suis heureuse d’avoir eu ces expériences comme le télé-crochet mais aussi la comédie musicale puis apprendre à travailler avec une maison de disques, de travailler avec les différents services de la maison de disques. Ce sont des expériences qui aujourd’hui me donnent envie d’utiliser toute cette expérience pour en faire ma popote à moi.
Le télé-crochet, n’est pas obligatoire mais il faut bien admettre que c’est un super accélérateur. Mais il faut être armé avant. Il ne faut pas y aller en disant « c’est bon, je fais cela et une fois que j’ai cela, je suis pénard et on va tout me servir sur un plateau. » C’est complétement faux. Si vous pensez cela, vous n’irez pas très loin. Vous allez surfer sur la vague pendant un an ou deux et puis après la chute est lourde. En tout cas, je ne regrette pas d’y avoir participé.
Entretien avec notre collaborateur, Thibaut Demeyer