Fleuron de la seconde vague de la French Touch, le duo Justice a sorti vendredi son troisième album, Woman , dans lequel la sensualité se mêle à la puissance de leurs sonorités électroniques, qui fait la part belle à une disco futuriste aux accents pop.
On les considère communément et de façon réductrice comme les petits frères de Daft Punk. Les points communs sont en effet nombreux : un duo parisien qui s’active derrière les machines, un son reconnaissable entre mille, des tubes à la pelle, des performances live qui drainent les foules dans le monde entier…
Mais Xavier de Rosnay et Gaspard Augé font plus qu’exister à côté de leurs aînés casqués, depuis ce hit planétaire qu’a été leur remix du morceau Never Be Alone du groupe Simian en 2003. Après le succès du premier album † ( Cross ) sorti en 2007 et un deuxième opus Audio, Vidéo, Disco qui prenait le contre-pied en 2011 avec ses influences hard rock, Justice se fait à présent plus suave en invoquant la figure féminine.
« Il y a plein de raisons pour lesquelles ce mot, « Woman », nous évoque des choses puissantes. Déjà le côté création de la vie, le symbole de la justice aussi, qui est une femme. C’est pour nous une façon d’exprimer la puissance, en évitant les clichés », argumente ainsi Xavier de Rosnay. L’oxymore affleure, mais cette puissante douceur se reflète dans la plupart des dix morceaux de l’album.
Emprunts à la contre-culture
Des teintes soul de Safe & Sound jusqu’aux chœurs de Close Call , en passant par Alakazamet ses emballements à la Giorgio Moroder (musique de Midnight Express ). Dans Randy , le deuxième single de l’album, ce sont les cordes et le chant perché de Morgan Phalen qui prédominent. Néanmoins la brutalité qui constitue l’ADN sonore de Justice prend le dessus sur Chorus et surtout Heavy Metal , dénomination anglaise du magazine français culte Métal Hurlant , un titre survitaminé par un rythme frénétique et des sons tout droit sortis d’un film de science-fiction.
« Métal Hurlant , c’est les BD interdites des parents! », dit avec malice Gaspard Augé. « On lit ça vraiment depuis qu’on est adolescent, qu’on a dix, onze ans, enchaîne son compère. C’est un truc qu’on a toujours aimé et qui a toujours un peu fait partie de la musique qu’on fait. Ce mélange rétro-futuriste, science-fiction, un peu cul… »
Les emprunts à la culture pop et à la contre-culture, font partie intégrante de l’œuvre de Justice et s’immiscent non seulement dans sa musique, mais également ses clips, les visuels, le choix des titres et même du nom de groupe, qui fait référence au morceau … And Justice for All de Metallica, les papes du hard rock dont le duo est fan. Pour ce qui est de la pochette, « qu’on a voulue abstraite » assurent les deux anciens graphistes, le mystère est voué à rester entier sur cette matière énigmatique qui enveloppe partiellement l’emblématique croix qui les accompagne depuis une décennie.
Le duo espère défendre Woman en live en 2017. En prise avec leur public, les deux trentenaires, bien dans leurs baskets et leurs blousons à l’effigie d’équipes de football américain, concèdent toutefois que « le monde dans lequel nous vivons, celui de la musique, de l’intelligentsia, des gens branchés, est bien éloigné de la réalité ». « Il y a cette population qui existe, à côté de laquelle nous passons à côté », reconnait Xavier de Rosnay.
Le Quotidien / AFP
Woman, de Justice.