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Trump veut mettre fin à l’épidémie de VIH aux États-Unis en dix ans


La moitié des infections se produit dans seulement 48 comtés américains, ainsi qu'à Washington et San Juan à Porto Rico, selon le ministère de la Santé. (illustration Pierre Matgé)

Le président américain a annoncé mardi vouloir dompter l’épidémie du sida aux États-Unis avant 2030, une annonce accueillie positivement par les associations et les experts et que le Congrès va être appelé à financer dans le prochain budget.

« Mon budget demandera aux démocrates et aux républicains de dégager les moyens nécessaires pour éliminer l’épidémie de VIH aux États-Unis d’ici 10 ans. Ensemble, nous vaincrons le sida en Amérique et au-delà », a déclaré Donald Trump lors de son discours annuel sur l’état de l’Union, au Congrès. L’annonce rappelle la proposition, émise au même endroit en 2003 par George W. Bush, du programme Pepfar contre le sida dans le monde, considéré comme l’un des plus grand succès de la lutte contre l’épidémie.

Un objectif qui n’est pas jugé farfelu

Le secrétaire à la Santé, Alex Azar, a ensuite fourni plus de détails sur l’annonce présidentielle : l’objectif est de réduire le nombre de contaminations par le VIH aux États-Unis, aujourd’hui de 38000 par an, de 75% en cinq ans, et 90% en dix ans. Le virus de l’immuno-déficience humaine (VIH) cause le sida. L’objectif n’est pas jugé farfelu. Une coalition d’organisations anti-sida avait affiché l’objectif « ambitieux » d’une fin de l’épidémie d’ici 2025, dans un document publié à l’automne dernier.

« Contrôler le VIH en une décennie est une tâche titanesque, mais nous applaudissons la volonté affichée », dit  Michael Weinstein, président de la très grande organisation anti-sida AIDS Healthcare Foundation, qui gère 64 centres médicaux aux États-Unis et des centaines dans le monde. « Cette initiative, si elle est mise en place et financée, pourrait s’inscrire dans l’histoire comme l’une des plus grandes réussites de sa présidence », a réagi le directeur de l’AIDS Institute, Michael Ruppal.

165 000 Américains ignorent qu’ils ont été contaminés

La voie à suivre est connue depuis longtemps, disent ces organisations. Il faut renforcer la prévention dans les communautés concernées : homosexuels, minorités ethniques et, dans une moindre mesure, consommateurs de drogues (6% des contaminations). Et dans les régions qui concentrent les foyers de l’épidémie, c’est-à-dire principalement le Sud. La moitié des infections se produit dans seulement 48 comtés américains, ainsi qu’à Washington et San Juan à Porto Rico, selon le ministère de la Santé, qui promet des moyens ciblés géographiquement.

La prévention passe par le fait d’empêcher que les personnes séropositives ne contaminent leurs partenaires. C’est désormais possible grâce aux traitements anti-VIH, qui rendent le virus « indétectable »… Des années d’études ont montré qu’il ne pouvait alors pas être transmis. Mais cela implique que les personnes séropositives connaissent leur statut. Or 165000 Américains ignorent qu’ils ont été contaminés.

Le gouvernement veut que les tests deviennent routiniers dans l’univers médical. Ensuite, il faut que les malades aient accès aux traitements antirétroviraux, un défi dans un pays où s’orienter entre les divers systèmes d’assurance médicale est un parcours du combattant, surtout pour les plus pauvres. Aujourd’hui seul un séropositif sur deux a le virus sous contrôle. Le gouvernement veut monter à 90%.

Un noir gay sur deux contaminé au cours de sa vie

Ensuite, il faut promouvoir le traitement préventif PrEP (« prophylaxie pré-exposition »), sur ordonnance et remboursé. Majoritairement utilisé par les hommes homosexuels, ce comprimé révolutionnaire, pris quotidiennement, est efficace à près de 100 % contre le risque d’infection. Mais six ans après son autorisation aux États-Unis, seulement 220 000 personnes le prenaient en août 2018, selon le site prepwatch.org. Le gouvernement estime que seulement 10 % des gens à risque pouvant bénéficier de PrEP prennent le traitement. Et PrEP a un effet pervers : il ne protège pas contre les autres infections sexuellement transmissibles, comme la syphilis, qui explosent dans la communauté gay. Enfin la promotion du préservatif doit revenir en force, réclame Michael Weinstein, très en colère contre l’abandon par les autorités sanitaires américaines des campagnes de sensibilisation des rapports protégés au profit du « biomédical ». Les deux tiers des contaminations ont lieu chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, à un rythme qui ne ralentit pas. Les Noirs sont particulièrement frappés : au rythme actuel, un noir gay sur deux sera contaminé par le VIH au cours de sa vie, selon une étude des Centres de contrôle et de prévention des maladies en 2016.

AFP

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