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[Documentaire] Whitney Houston : une vie, une voix, une histoire


Ni spécialement élogieux ni à charge, "Whitney" donne un aperçu complet de la vie de la star. (photo DR)

Elle était surnommée «The Voice». Whitney Houston a connu un immense succès, avant la décadence et de mourir à 48 ans noyée dans sa baignoire… Une vie, une voix, une histoire, qui valent bien d’être racontées au cinéma.

Il l’a dit, répété durant son tour promo : «À la base, je n’étais pas fan…». Le Britannique Kevin Macdonald jouit d’une belle réputation dans le monde du cinéma depuis Touching the Void (2003) et surtout The Last King of Scotland (2006), son film fiction avec Forest Whitaker dans le rôle du dictateur ougandais Idi Amin Dada.

À la base, pas fan donc, ce qui ne l’a pas empêché de passer de nombreux mois, de rencontrer plus de 70 personnes pour son nouveau film documentaire titré simplement Whitney et consacré à la superstar pop que fut dans les années 1980-1990 l’Américaine Whitney Houston… Encore Macdonald : «Je suis devenu fan à force d’écouter ses tubes en boucle ! J’ai découvert une immense artiste, qui communiquait avec beaucoup de subtilité ses émotions grâce à sa voix. J’ai surtout été intrigué par son histoire, une tragédie shakespearienne.»

Film documentaire présenté au printemps dernier à Cannes lors du festival, tragédie shakespearienne, Whitney ne laisse aucun détail de la vie de la star dans le placard. De l’enfance dans une famille de la «middle class» à la mort à 48 ans le 11 février 2012 dans une baignoire d’une suite d’un hôtel, consécutive à une overdose. Whitney, c’est le film de la grandeur et de la décadence d’une pop star. Le film qui montre que, dès l’enfance, la conclusion tragique était envisageable dans l’histoire de Whitney Houston…

Avec méthode et sans artifice, Kevin Macdonald aligne dans son documentaire cinq «secrets» qui ont fait celle que l’on surnommait «The Voice» ou encore la «Diva soul». Selon le réalisateur, il y eut d’abord une «enfance dysfonctionnelle» – il confie : «Son enfance a été très perturbée. Lors des émeutes dans les ghettos noirs, elle a été traumatisée par le bruit des balles tirées par la police, qu’elle entendait siffler sous ses fenêtres. Ses deux frères aînés l’ont initiée très tôt à la drogue et ont échoué à la protéger.»

Prise au piège de la célébrité

On déroule la vie et la carrière de la chanteuse aux 200 millions d’albums vendus. Ainsi, enfant et adolescente, elle a été agressée sexuellement par sa cousine, Dee Dee Warwick. «Whitney avait honte. Le seul à qui elle a accepté de se confier, c’est son frère Gary, car il a subi les mêmes attouchements. Ce traumatisme a été enfoui. Elle n’a plus jamais osé en parler ni s’y confronter. Ces abus ont façonné son mal-être», dit aussi le réalisateur.

Le succès venant avec des albums trustant les premières places des hits parade, Whitney Houston était prise au piège de la célébrité. Les honneurs d’un côté, le mal-être et le mal-vivre de l’autre. Des non-dits comme sa bisexualité refoulée ou encore sa relation explosive avec son mari, le rappeur Bobby Brown, qui a mal supporté de n’avoir eu qu’un seul succès dans le monde de la chanson…

À travers les témoignages recueillis par Kevin Macdonald, on apprend aussi que «The Voice» a été une «mauvaise mère». Ainsi, elle a confié sa fille Bobbi Kristina (née en 1993) à sa tante. À 14 ans, Bobbi Kristina plonge dans la drogue, devient suicidaire et, à 22 ans, après six mois dans le coma, elle meurt dans des circonstances similaires à sa mère…

Ange déchu du gospel, Whitney Houston a même compté deux fans très peu fréquentables : Saddam Hussein qui, pour sa campagne électorale, avait fait traduire en arabe I Will Always Love You (la chanson emblématique du film Bodyguard) et… Oussama Ben Laden qui avait programmé l’assassinat de Bobby Brown et l’enlèvement de Whitney Houston…

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan