Si vous vous retrouvez à dix autour d’une table, aujourd’hui à Paris, le risque qu’au moins un des convives ait le coronavirus est de 32%. À Washington, il est de 18%.
Dans le comté de Walsh, dans le Dakota du Nord, il dépasse 99%. À Prague, il est de 58%.
Le calcul est simple, fondé sur des données en temps réel sur la pandémie de Covid-19, mais présenté de façon lisible par un site qui gagne en popularité depuis sa mise en ligne en juillet, créé par des chercheurs de l’université Georgia Tech et dont la méthodologie a été validée lundi avec une publication dans l’une des prestigieuses revues Nature.
L’adresse est https://covid19risk.biosci.gatech.edu/ (en anglais), mais il était victime jeudi de son succès, le site affichant parfois des messages d’erreurs face à l’afflux de connexions.
Les chercheurs calculent le risque en fonction du nombre officiel de nouveaux cas rapportés chaque jour dans un lieu donné (par comté aux États-Unis, ou par département en France).
Le modèle prend aussi en compte le fait que le nombre réel de contaminations est supérieur de 5 à 10 fois au nombre de tests positifs, et l’utilisateur peut calculer le risque en fonction de ces deux hypothèses, 5 ou 10. Aux États-Unis, le directeur des Centres de lutte contre les maladies (CDC) a dit cet été que les tests ne détectaient sans doute qu’un cas sur 10.
Les chiffres du début de cet article sont fondés sur une sous-estimation de 10 fois. Si on estime qu’il y a seulement cinq fois plus d’infections que le nombre officiel, le risque d’avoir une personne positive parmi les dix d’un dîner parisien descend à 18%, à 10% à Washington et à 94% à Walsh dans le Dakota du Nord.
50 personnes à un mariage : 50% de probabilité de se trouver en présence d’une personne contaminée
Ensuite, on peut sélectionner la taille de l’évènement auquel on prévoit de participer : 10, 25, 50, 100 ou jusqu’à 5 000 personnes.
Mais aller jusqu’à 5 000 est inutile. À l’heure actuelle, dans de très nombreux lieux aux États-Unis et en Europe, on dépasse 50% de probabilité de se trouver en présence d’une personne contaminée dès 50 personnes.
Avec 50 personnes – à un mariage ou dans des bars bien remplis, s’ils étaient ouverts – le risque qu’au moins une soit contaminée serait de 86% à Paris et de 99% dans le Rhône.
Le site a une approche conservatrice : il suppose qu’une personne reste positive pendant 10 jours, dit son créateur Joshua Weitz. En réalité, des chercheurs estiment qu’une personne est très contagieuse pendant moins de temps, de l’ordre de 5 à 6 jours, et que le reste du temps elle l’est moins ou pas, malgré la présence résiduelle de virus.
Le modèle ne prend pas non plus en compte qu’une personne infectée est plus susceptible de rester chez elle après l’apparition des symptômes. Mais il note que la moitié des contaminations viennent de gens qui n’ont pas ou peu de symptômes ou ignorent qu’ils sont infectés, selon des études.
Ce que la carte ne donne pas est le risque d’être soi-même contaminé à tel dîner ou dans tel restaurant, car cela dépend de trop de variables, à commencer par le comportement personnel, et la ventilation.
« Nous espérons que ces informations conduiront les gens à ne pas organiser ou à remettre en question leur participation à de grands événements, ainsi qu’à un renforcement du port du masque », poursuit Joshua Weitz.
Mais à l’approche de Thanksgiving et de Noël, chacun pourra faire ses calculs.
AFP