Secrets of War, une coproduction grand-ducale de Tarantula, est en ce moment en salle. Ce film fort et sensible signé Dennis Bots met en scène trois enfants déchirés par la Seconde Guerre mondiale.
La Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie, la Shoah semblent être une source inépuisable d’histoires, plus ou moins tragiques, aussi bien pour la littérature que pour le cinéma. Secrets of War raconte la vie de Tuur et Lambert, deux amis inséparables d’une douzaine d’années dans un petit village aux Pays-Bas. La guerre est là, mais elle ne semble pas perturber plus que ça leurs jeux d’enfants, leurs escapades dans la forêt, leur «guerre des boutons» avec d’autres jeunes du coin.
Une étrange inimitié oppose pourtant leurs deux familles. Peu importe. Ils sont amis, et c’est pour la vie. Mais quand Maartje, une nouvelle élève, arrive dans leur classe, on sent vite une tension monter entre les deux garçons. Leur amitié à trois ira de pair avec une bonne dose de jalousie et de secrets. À tour de rôle, les garçons semblent gagner les faveurs de la jeune fille. Une fille discrète qui, apprend-on rapidement, refuse de manger du saucisson quand Tuur en trouve chez sa grand-mère. Pas de quoi perturber les deux garçons, voire les plus jeunes des spectateurs du film, mais de quoi mettre les spectateurs adultes sur la bonne voie.
Car oui, Maartje cache quelques secrets. Pas grand-chose en temps normal. Mais des secrets mortels en cette période trouble. Et le fait que Lambert soit le fils du chef local des collaborateurs nazis va prendre toute son importance quand les jalousies dépasseront leur univers d’enfants.
Accompagné d’un dossier pédagogique
Malgré le sujet on ne peut plus sérieux et des scènes d’une débordante tristesse, Dennis Bots parvient à garder pas mal d’humour et une bonne dose d’innocence dans son récit. Bon, certains personnages – la sœur de Tuur, par exemple – ne servent strictement à rien, mais le film est une réussite (narrative, visuelle…) qui propose même, ici ou là, des détails qui échapperont probablement aux enfants, mais ne devraient pas laisser les adultes indifférents – la scène où Tuur voit, sans trop comprendre, des gens dans un train de marchandises, est magnifique !
Principalement néerlandais et en langue néerlandaise (mais diffusé en version allemande), le film a été tourné majoritairement au Luxembourg pendant l’été 2013, dans la région d’Echternach pour les images dans les bois, le Fond-de-Gras pour les scènes avec les trains, et aux studios Filmland pour les intérieurs et les nombreuses scènes dans les grottes. Son intérêt cinématographique va de pair avec son intérêt historique. La maison de production propose même un dossier pédagogique de 30 pages permettant aux enseignants d’approfondir le sujet. Une sortie idéale pour les classes fréquentées par les jeunes de 8 à 14 ans.
Pablo Chimienti