Des experts de l’ONU ont dénoncé ce mercredi la « destruction délibérée » de la culture ukrainienne par la Russie pouvant s’assimiler à une tentative d’éradiquer le droit des Ukrainiens à leur propre identité, dans un communiqué publié à l’avant-veille du premier anniversaire de l’invasion russe.
Ces experts ont appelé à l’arrêt des destructions intentionnelles de sites, institutions et objets d’importance culturelle, historique et religieuse en Ukraine, ajoutant que le dénigrement continu de l’histoire et de l’identité du peuple ukrainien était utilisé comme une justification de la guerre et de la haine.
« Un an après l’escalade des hostilités, de nombreux sites, institutions et objets d’importance culturelle, historique et religieuse en Ukraine ont été partiellement ou entièrement détruits par des attaques militaires de la Fédération de Russie », ont déclaré les experts dans un communiqué.
« Il s’agit notamment de mémoriaux et de monuments, de bâtiments civils, de musées, de théâtres, de monuments, de statues, de lieux de culte, de cimetières, de bibliothèques, d’archives, ainsi que d’écoles, d’universités et d’hôpitaux », selon le texte.
Le communiqué a été rédigé par des rapporteurs spéciaux de l’ONU sur les droits culturels, le droit à l’éducation et la liberté de religion. Ces rapporteurs sont mandatés par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies mais demeurent des experts indépendants non rémunérés qui ne s’expriment pas au nom de l’ONU.
Versions russes et soviétiques imposées
Malgré la Convention de La Haye de 1954 sur la protection des biens culturels en temps de guerre, l’Unesco a estimé que plus de 240 biens culturels avaient été endommagés en Ukraine à la date du 15 février, mais ce chiffre pourrait dépasser les 1 000, selon les experts de l’ONU.
Ces experts ont fait état d’informations indiquant que certains sites ont été intentionnellement ciblés, y compris des bâtiments clairement identifiés comme des abris, tandis que les attaques contre des zones densément peuplées sont d’une telle ampleur « qu’elles suggèrent une campagne délibérée de destruction ».
Ils ont également exprimé leur inquiétude face au « ciblage » intense « des symboles culturels ukrainiens », la littérature, les musées et les archives du pays « étant détruits », dans un contexte de « diabolisation » généralisée de la culture et de l’identité ukrainiennes par les responsables russes.
« Soyons clairs : le peuple ukrainien a droit à son identité. Personne ne peut violer ce droit », ont-ils ajouté, soulignant que « des efforts sont faits pour effacer la culture, l’histoire et la langue locales et les remplacer de force par des versions russes et soviétiques » dans les zones occupées par les forces russes.
Ces experts ont indiqué avoir écrit à Moscou mais ne pas avoir encore reçu de réponse.