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Décès de l’actrice Anémone, une comique irrévérencieuse


Issue d'un milieu bourgeois – son père était médecin – Anémone avait toujours voulu être actrice, confiait-elle au «Monde» en 2017. (photo AFP)

L’actrice Anémone, inoubliable Thérèse dans Le Père Noël est une ordure et citoyenne engagée, est décédée mardi à 68 ans d' »une longue maladie », moins de deux ans après avoir mis fin à sa carrière qu’elle a menée tant au théâtre qu’au cinéma.

« Anne Bourguignon, dite Anémone, s’est éteinte au petit matin du 30 avril des suites d’une longue maladie », a déclaré  son agent. Malade depuis quelques années, elle avait pris du recul.

Issue d’un milieu bourgeois – son père était médecin – Anémone avait toujours voulu être actrice, confiait-elle au Monde en 2017. « Je prenais des cours de danse à la Schola Cantorum, à Paris, j’ai repéré un cours de théâtre juste à côté, et puis voilà. »

En 1966, elle joue dans le film Anémone de Philippe Garrel, dont elle tirera son nom de scène. Elle tourne dans plusieurs longs-métrages (Un éléphant, ça trompe énormément de Yves Robert ou Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine de Coluche), tout en jouant au café-théâtre avec la groupe du Splendid.

« C’est fin, très fin, ça se mange sans faim ». « Oh une serpillière, c’est formidable Thérèse, je suis ravi … Non Pierre, c’est un gilet » : ces répliques du Père Noël est une ordure sont devenues cultes, comme son personnage de Thérèse, une bénévole un peu coincée pour « S.O.S. Détresse-Amitié ».

La pièce de théâtre à succès est adaptée au cinéma en 1982 et Anémone, avec ses cheveux bruns ondulés, devient un visage connu.

Elle ne gardera pas que des bons souvenirs de cette époque et disait s’être fâchée avec la troupe du Splendid pour des histoires d’argent.

« Puissance comique » 

« Je garde le souvenir d’une grande actrice avec qui nous avons partagé de grands moments de jeux et des fous rires exceptionnels », a réagi Christian Clavier, qui dit sa « grande tristesse ».

Thierry Lhermitte s’est dit « bouleversé ». « Adieu mon amie », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

« Je ne savais pas qu’elle était malade, mais Anémone n’était pas quelqu’un qui se répandait sur sa vie privée », a confié Josiane Balasko, qui évoque une « excentrique du cinéma », « une grande actrice ».

Anémone enchaîne les rôles dans des comédies à succès dans les années 1980, comme Viens chez moi, j’habite chez une copine de Patrice Leconte ou Pour cent briques t’as plus rien d’Édouard Molinaro.

« Je travaillais comme une brute avec deux enfants en bas âge, j’avais l’impression qu’on m’avait mise dans un mixer avec le bouton positionné au max », se souvenait-elle dans une interview à Libération.

« Elle a fait des choses magnifiques après, elle a fait Le Grand Chemin« , un rôle plus sensible qui lui vaut le César de la meilleure actrice en 1988, a réagi Michel Blanc. « Elle avait cette puissance comique, en même temps elle était très belle, très séduisante et très folle, elle a toujours été très folle », a décrit l’acteur.

« C’était une personne allumée mais très, très professionnelle… », a dit Patrice Leconte.

Elle continue à beaucoup tourner jusqu’en 2018 avec La Monnaie de leur pièce d’Anne Le Ny, son dernier long-métrage. Elle apparaît dans quelques téléfilms et joue régulièrement au théâtre.

« Avec sa gouaille, son franc-parler, elle nous a tant fait rire », a dit la présidente du Centre national du cinéma (CNC) Frédérique Bredin. « Anémone amusait autant qu’elle émouvait. Son franc-parler et sa liberté vont nous manquer », a réagi le ministre de la culture Franck Riester sur Twitter.

Ses autres passions étaient la lecture et l’environnement. Elle disait avoir été sensibilisée par son frère, l’agronome Claude Bourguignon.

Elle été la porte-parole de l’association altermondialiste Attac en 2002 et avait brièvement soutenu Jean-Luc Mélenchon.

C’était « une citoyenne engagée pour la justice sociale, pour l’écologie », a tweeté le député LFI Alexis Corbière.

Lors d’interviews accordées pour sa dernière pièce Les Nœuds au mouchoir en 2017, elle exprimait son amertume par rapport à l’évolution du métier de comédienne, regrettant que « le fric (ce soit) emparé de tout, partout! »

« J’avais décidé d’être artiste, pas vendeuse de films ni de pièces de théâtre », lâchait-elle au Parisien.

Celle qui avait avoué regretter d’avoir eu deux enfants, un fils et une fille, se montrait très pessimiste concernant l’avenir de la planète. « C’est trop tard. »

AFP