Le roi des casinos de Macao, le milliardaire Stanley Ho, largement considéré comme l’artisan de l’insolent essor de l’ex-colonie portugaise, est décédé mardi à Hong Kong à 98 ans, a annoncé sa famille.
Connu comme le « parrain » des casinos macanais, le magnat né à Hong Kong avait vu sa fortune décoller de concert avec la spectaculaire transformation de Macao qui, alors qu’elle était une grosse bourgade endormie il y a quelques décennies, est devenue la capitale mondiale du jeu, avec un chiffre d’affaires dépassant celui de Las Vegas.
Le presque centenaire à la vie rocambolesque, père d’au moins 17 enfants de quatre lits différents, s’est éteint « paisiblement » peu après 13 h (7 h à Paris), dans un hôpital de Happy Valley, sur l’Île de Hong Kong, a annoncé sa fille Pansy aux journalistes.
« Le souvenir de mon père perdurera pour toujours dans les coeurs des membres de notre famille et de toutes les personnes qui ont bénéficié de lui et qu’il a encouragées », a-t-elle dit. De son côté, la chaîne d’État chinoise CCTV a présenté M. Ho comme « un entrepreneur patriote ». Stanley Ho a construit son empire en obtenant le monopole de l’exploitation des casinos de Macao de 1962 jusqu’en 2002, date à laquelle le marché a été ouvert à la concurrence et explosé pour peser 80 % du PIB de la région semi-autonome.
Le fils d’un des plus riches Hongkongais
Aujourd’hui encore, sa Sociedade de Jogos de Macau Holdings (SJM) reste un des principaux acteurs du secteur dans l’ex-colonie portugaise revenue à la Chine en 1999, seul territoire chinois où les jeux d’argent sont autorisés.
Contrairement à la plupart des magnats hongkongais partis de rien pour s’élever dans le peloton de tête des fortunes du territoire, Stanley Ho, lui ne venait pas de nulle part. Né en 1921, il était le petit-neveu de Robert Hotung (1862-1956), un des premiers magnats asiatiques, qui fut au début du XXe siècle un des plus riches Hongkongais. Mais la Grande Dépression eut raison de la fortune familiale et, dans la foulée de l’invasion japonaise fin 1941, Stanley Ho s’enfuit à Macao avec presque rien.
La Seconde Guerre mondiale est pour lui l’occasion de se refaire, au travers de la contrebande de produits de luxe de Macao vers la Chine, avant qu’il n’obtienne, en 1962 donc, la première licence macanaise de casino. Soupçonné de laisser les triades opérer dans ses établissements, il a toujours démenti et nié être de mèche avec la mafia de Macao. Il diversifiera progressivement ses affaires vers l’immobilier et la construction navale.
13e fortune hongkongaise à sa retraite en 2018
Après une période de vaches maigres due à la campagne anticorruption lancée à partir de 2012 par le président chinois, Xi Jinping, les revenus des casinos de l’ex-colonie portugaise sont repartis à la hausse en 2016, avant de s’effondrer totalement en début d’année à cause du coronavirus. La plupart des opérateurs de Macao, y compris SJM, ont cependant les reins solides, en raison des sommes amassées lors des années fastes.
Expert des danses de salon, Stanley Ho, qui ne cessait d’assurer qu’il n’avait personnellement jamais misé un dollar dans un casino, eut également une vie sentimentale mouvementée. Il se maria pour la première fois en 1942 et trois autres femmes – dont on ignore s’il les épousa ou non – lui donnèrent aussi des enfants. Il est ainsi le père de Lawrence Ho, qui dirige le groupe rival Melco International (Macao).
Ses apparitions se firent plus rares après une grave chute en 2009, à 87 ans, qui impliqua une opération du cerveau. Quand il se résolut à prendre sa retraite en 2018, à 96 ans, il était la 13e fortune hongkongaise selon le magazine Forbes. Cela faisait alors des années que la presse à sensation faisait ses choux gras de sa succession et des querelles d’héritage entre ses enfants.
C’est à sa fille Daisy et sa quatrième « épouse » Angela Leong qu’il confia les rênes de SJM Holding. Il avait en 2017 confié à Pansy Ho la présidence de son conglomérat Shun Tak Holdings, un promoteur immobilier qui gère aussi des ferries entre Hong Kong et Macao. Pansy Ho est présentée par Forbes comme la Hongkongaise la plus riche, à la tête de 23e fortune du territoire.
LQ/AFP