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Deborah de Robertis nue à Orsay : une vidéo née du scandale


Le film a été tourné dans les instants qui ont suivi sa performance, jusqu'à son arrestation par les forces de l'ordre. (Capture vidéo Deborah de Robertis)

L’artiste luxembourgeoise Deborah de Robertis, connue pour réinterpréter des œuvres majeures de l’histoire de l’art sous la forme de performances dénudées, était arrêtée le 16 janvier au musée d’Orsay après un happening devant « l’Olympia » de Manet. Elle a réalisé un film de cet événement.

Ce nouveau happening, reproduisant la même position nue et allongée face au spectateur du modèle peint par Édouard Manet, a valu à Deborah de Robertis une garde à vue pour « exhibition sexuelle » et un rappel à la loi du parquet de Paris.

S’estimant privée de parole et de la possibilité de défendre sa démarche, l’artiste luxembourgeoise a publié une vidéo « droit de réponse », tournée dans les instants qui ont suivi sa performance jusqu’à son arrestation par les forces de l’ordre. Durant neuf minutes, Deborah de Robertis s’exprime en anglais et en français réclamant la présence du directeur du musée d’Orsay lequel, dit-elle, « est au courant ». Les images alternent les points de vue, tantôt de celle qui fait l’objet du scandale, tantôt de visiteurs visiblement acquis à sa cause. Les plans s’enchaînent rythmés par une bande son punchy, un sample de Carmina Burana avec un rap au titre plutôt évocateur…

Ce film montre l’embarras du service de sécurité des lieux essayant de couvrir et cacher l’artiste en tenue d’Eve. Tandis que cette dernière oppose résistance et lit un texte adressé au directeur, toujours absent. « Ne privez pas les gens de comprendre […] C’est pas vous qui décidez », tance-t-elle à plusieurs reprises à l’endroit des agents. Poursuivant sa lecture : « En déposant plainte pour exhibition sexuelle, vous avez envoyé un message d’une grande violence aux artistes et aux militants qui, comme moi, utilisent leur corps comme outil de réflexion pour faire bouger les modèles. »

Juste avant d’être emmenée au poste, elle dira encore : « Olympia, ce sont toutes les putains accrochées aux cimaises de cette exposition (Splendeurs et misères, images de la prostitution 1850-1910, NDLR), je suis Olympia. »

Le Quotidien