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De Musset et les bonnes trouvailles de Sophie Langevin au TNL


La dernière de la pièce « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » (Alfred de Musset), mise en scène par Sophie Langevin, sera jouée ce dimanche 7 mai au TNL.

Madame la marquise est là dans son boudoir, avant même que le spectateur n’entre dans la salle du TNL. Elle s’ennuie dans ce décor minimaliste, mais amplement suffisant pour les besoins de ce proverbe d’Alfred de Musset. On est mardi, jour où elle reçoit. Mais personne n’a encore frappé à sa porte. Elle attend donc. Paisiblement. Derrière elle, un guitariste fait résonner sa six-cordes, de manière discrète, mais présente, comme un petit ensemble de musique de chambre aurait pu le faire en son temps. Voilà que débarque son voisin, le comte. Lui aussi tiré à quatre épingles.

Et c’est parti pour un face-à-face croustillant de 45 minutes pendant lesquelles ces gens du monde vont à tour de rôle se rapprocher et s’éloigner, se titiller et se vexer, se faire la cour et se plaindre des mondanités. Le tout avec une intonation très hautaine qui, si elle peut un peu choquer au départ, se prête à merveille à cette joute verbale entre aristocrates.

Sans être hilarante, la pièce est drôle et décalée, à la fois terriblement datée et magnifiquement contemporaine. Le jeu des deux comédiens, Valérie Bodson et Valéry Plancke, est fin et pétillant et tous les sentiments qu’ils ne peuvent exprimer, car absents du texte –  qu’ils respectent à la lettre  –, sont soulignés intelligemment par les riffs de guitare d’Emre Sevendik, qui ici semblent dire «il/elle m’énerve» et là «mais qu’est-ce que je suis c..»!

Une des multiples bonnes trouvailles de la metteur en scène, Sophie Langevin. Le vent qui s’engouffre dans toute la salle de spectacle à chaque fois que quelqu’un ouvre la porte en est une autre. On voit moins l’intérêt de la «petite lanterne magique» de la marquise, devenue ici un écran de télé. Mais peu importe. Cette création est une réussite. On ne regrette finalement qu’une chose, qu’elle soit trop courte. La regrouper avec une autre courte œuvre n’aurait peut être pas été superflu.

Pablo Chimienti

« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ». TNL – Luxembourg. Dernière, dimanche à 17 h. Infos sur www.tnl.lu