L’ancien siège de l’ARBED à Luxembourg accueille jusqu’à dimanche l’étonnante exposition «De mains de maîtres» dédiée aux artisans et créateurs d’art.
De mémoire d’expert, une exposition sur l’artisanat d’art à Luxembourg, c’est une première! Une première au moins depuis bien longtemps. Alors ce projet «De mains de maîtres», mis en place par le commissaire Jean-Marc Dimanche – à qui l’on doit une trentaine d’expositions du genre en Europe – et à l’initiative du Grand-Duc héritier et de la Grande-Duchesse héritière, a de quoi susciter intérêt et curiosité.
« L’exposition a pour vocation de valoriser le réservoir de talents du pays en termes de créativité, de mettre en lumière la beauté et l’importance de la transmission du savoir-faire auprès des jeunes générations », explique le commissaire. En tout, ce sont quelque 200 œuvres d’une soixantaine d’artistes et d’artisans – sur les 140 demandes de participation – principalement grand-ducaux, mais pas seulement, qui sont réunies sur près de 1 000 m 2 carrés au deuxième étage de l’ancien quartier général de l’ARBED. C’est-à-dire le «château» de l’avenue de la Liberté, repris et rénové dernièrement par la Banque et Caisse d’épargne de l’État.
Un lieu exceptionnel, un écrin magnifique, merveilleusement rénové par quelque 40 corps de métier à qui Jean-Marc Dimanche tient à rendre hommage à l’occasion de cette exposition événement ouverte trois petits jours seulement au grand public. Céramique, verrerie, sculpture textile, travail du métal, béton, ébénisterie, haute couture, gravure, ferronnerie… sont au rendez-vous. Des grands noms, devenus des institutions installées, tels Villeroy & Boch ou Goedert, côtoient des pièces de créateurs plus récents, aux noms connus dans leurs milieux respectifs : la couturière Feyrouz Ashoura, le sculpteur Tom Flick ou encore Nathalie Fosse – qui présente là un étonnant meuble-œuf d’autruche –, ainsi que des œuvres d’artistes et artisans méconnus.
Entourés par le beau
L’exposition aura demandé près de sept mois de travail au commissaire. Histoire de sélectionner les pièces à présenter, mais aussi de trouver la bonne manière de le faire. « On n’est ni dans un musée ni dans une galerie », note Jean-Marc Dimanche. Pas question, donc, de faire des trous, d’installer des cimaises aux murs ou de transporter une petite, mais extrêmement lourde machine d’imprimerie – l’Imprimerie centrale fait partie des exposants. Au contraire, il a fallu composer avec le lieu et son ameublement. Quitte à ce que le visiteur s’y perde un peu, de temps en temps, entre le contenu et le contenant.
Peu importe. L’important est de transmettre le beau. Est à noter l’entrée en grande pompe de l’exposition dans un fumoir riche en haute couture : robes en viscose, en papier ou encore en plumes. Il y a aussi le boudoir et ses bijoux, la salle à manger avec sa «table des matières» où on retrouve à peu près tous les matériaux présents dans l’exposition, ou encore la salle plénière et ses objets plus imposants et souvent fonctionnels : meubles, design, lustres en papier, etc. Les découvertes sont nombreuses tout comme les bonnes surprises. Le beau est partout.
Si ce «De mains de maîtres» se présente comme une exposition, sa durée – trois jours pour le grand public auxquels s’ajoutent une journée pour les professionnels et une autre pour le public scolaire – et le fait que toutes les pièces présentées soient en vente, rappellent cependant une foire d’art. Certes, le côté pédagogique en plus. Quoi qu’il en soit, l’entrée est gratuite, alors autant ne pas s’en priver!
Pablo Chimienti