Un biopic en approche sur Bob Dylan et un disque hors norme lié à son univers; une sortie gargantuesque de Neil Young et un film en préparation sur Bruce Springsteen : voilà une rentrée à l’ombre des monuments.
Dylan sans Dylan
La bande-annonce fait saliver avec un Timothée Chalamet (vu dans la saga Dune) plus que crédible sous la coupe hirsute du Bob Dylan (83 ans aujourd’hui) des débuts dans A Complete Unknown. Ce biopic est réalisé par James Mangold, qui s’est déjà frotté à une légende avec Walk the Line (2005), sur Johnny Cash, interprété par Joaquin Phoenix. Résultat le 25 décembre aux États-Unis (et fin janvier pour l’Europe).
Parallèlement, un best of de Bob Dylan, voire une compilation de reprises, n’aurait que peu d’intérêt. Le producteur français Philippe Le Bras a eu la bonne idée d’une anthologie de 25 morceaux, essentiellement enregistrés autour des années 1960, d’artistes restés peu connus ou qui deviendront célèbres (comme Lou Reed ou David Crosby) et qui essaient de s’approcher du maître dans des titres plus que «dylaniens».
«Prenez le titre de Lou Reed, Men of Good Fortune, qu’il a repris ensuite sur Berlin (album de 1973), la version de 1965 qu’on présente, complètement différente, est bluffante parce que Lou Reed a déjà sa voix, mais vous entendez Dylan… C’est dingue!», décrit Philippe Le Bras. «Ça sonne comme un projet fascinant!», a commenté Jeff Rosen, manager de Bob Dylan, quand l’équipe française lui en a parlé récemment. He Took Us By Storm, dans l’écurie du label allemand indépendant Bear Family Records, sortira le 6 septembre en Allemagne (et en octobre dans d’autres pays).
Neil Young, l’avalanche
On dit souvent que les grands artistes sont devenus leurs propres archivistes. C’est de plus en plus vrai et le plus convaincant dans cette catégorie, c’est Neil Young, 78 ans. Le «Loner» dégaine donc le 6 septembre ses Archives Vol. III couvrant la période 1976-1987, à travers 17 CD comprenant 198 morceaux, dont 15 chansons inédites et 121 versions jamais entendues.
Une version «deluxe» ne devrait être disponible que sur son site (neilyoungarchives.com), véritable île au trésor pour les ultrafans – contenant en plus des CD audio 5 Blu-ray sur lesquels on retrouvera 11 films de la période, dont 4 inédits. Enfin, une version double vinyle comprendra une sélection de 16 morceaux présents dans le coffret.
La série des sorties des archives de Neil Young est présentée comme un «musée musical vivant», «organisé par la personne qui a réellement créé toute la musique et tous les films». Attention à ne pas se perdre dans les méandres de sa production, puisque Neil Young continue toujours à proposer de nouveaux albums avec son gang du Crazy Horse.
Et voilà le «Bosspic»!
Un biopic du «Boss», Bruce Springsteen, 74 ans, est donc en préparation avec Jeremy Allen White, l’acteur star de la série à succès The Bear, dans le rôle principal. Et ce qui filtre jusque-là de la cuisine où se prépare ce festin est alléchant. Il s’agit d’éviter le piège du récit chronologique et de ne pas se focaliser sur le succès venu avec l’album Born in the U.S.A., qui fête cette année ses 40 ans.
Scott Cooper, qui écrit ce film et le réalise, se concentre sur la création de l’album Nebraska (1982), son plus crépusculaire. Le cinéaste se base sur le livre The Making of Bruce Springsteen’s Nebraska, du musicien et critique Warren Zanes. Le film devrait s’appeler Deliver Me From Nowhere.
Ceux qui ne sont pas familiers de l’œuvre de l’auteur de Dancing in the Dark y apprendront notamment que les chansons de Nebraska, album solo et minimaliste, et celles de Born in the U.S.A., électrique et emballé avec son groupe, le fameux E Street Band, n’auraient pu former qu’un double album. «Je croyais travailler sur un seul et même disque, mais l’intransigeance de Nebraska (…) m’a bientôt fait comprendre la situation à laquelle j’étais confronté», écrit ainsi le «Boss» dans son autobiographie, indispensable, Born to Run (2016).