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Dany Dann, médaillé olympique mi-artiste, mi-athlète


Vainqueur de l’argent, le week-end dernier, lors des épreuves de breaking qui ont créé l’évènement aux JO de Paris, le «B-Boy» français Dany Dann raconte son parcours d’artiste et sa transformation en athlète olympique.

Lui se décrit comme un «arthlète» : Danis Civil, alias Dany Dann ou B-Boy Dany, champion d’Europe de breaking 2023, a décroché samedi, en finale des JO de Paris, la médaille d’argent, devenant le premier médaillé olympique français de l’histoire de sa discipline.

Et probablement le dernier de cet art de la danse issu de la culture hip-hop…. Sport additionnel à Paris, le breaking n’a pas été retenu par le comité d’organisation des Jeux à Los Angeles en 2028.

Cheveux bleus et pendentif de la Guyane, dont il est originaire, autour du cou, Dany Dann, 36 ans, commence le breaking «par hasard», quand il passe à 14 ans devant une salle de Saint-Laurent-du-Maroni, dans l’ouest de cette collectivité territoriale français frontalière du Brésil, où son cousin participe à un stage. Il est scotché, «époustouflé».

«Je suis tombé amoureux», témoignait le double champion de France et champion d’Europe 2022, qui assistait encore «en touriste» au championnat de France à Grande-Synthe (Nord) début mai. S’ensuivront «des heures et des heures» de visionnage de ses idoles, d’entraînement à la salle pour reproduire les mouvements, puis ses premiers «battles» au sein des «crews» locaux.

À 19 ans, après deux ans dans l’armée, le B-Boy – nom donné aux danseurs de la discipline – quitte la Guyane pour «tenter sa chance» en métropole. Pour vivre, il enchaîne les boulots alimentaires : agent d’accueil des parcs et jardins, livreur, salarié dans les cantines, puis aide-soignant dans un Ehpad.

En 2022, Dany Dann, qui vit maintenant de sa passion, intègre l’Insep, le temple des sportifs de haut niveau à Paris. Comme un athlète, il y travaille «le cardio et le renforcement musculaire», se consacre à sa discipline, la danse.

«Il y a aussi la kiné, la récupération, la préparation mentale… Un bon athlète doit savoir sortir de ses problèmes d’être humain pour se concentrer sur son sport», insiste-t-il. «Dany est un travailleur acharné qui peut bosser de 9 h à 23 h pour trouver la faille dans la danse de son adversaire», décrit son coach personnel, Omar Remichi.

Pendant les épreuves de breaking des JO, qui se sont déroulées vendredi et samedi, place de la Concorde à Paris, les B-Boys et B-Girls se sont affrontés en duel sur scène, accompagnés par de la musique.

Principe de notation : les danseurs lancent des figures acrobatiques et un jury vote pour élire le vainqueur en évaluant, entre autres, l’aspect athlétique, la qualité d’exécution des mouvements ou encore leur créativité – un même «move» répété dans plusieurs rounds étant synonyme de pénalité. Dany Dann était l’un des quatre Français engagés aux JO, avec trois autres breakers : les B-Girls Sissy (éliminée en quart de finale vendredi) et Carlota, et le B-Boy Lagaet.

Le breaking «a commencé dans la rue», dans les quartiers défavorisés de New York dans les années 1970, «et aujourd’hui je suis reconnu comme athlète, pour mon art, pour mon sport», se réjouit le danseur.

Son souhait : «Montrer à la nouvelle génération qu’on peut s’imaginer être athlète de haut niveau en breaking et avoir la possibilité de vivre de sa passion.» Il s’est dit «fier» de «représenter une grande nation». «Ce qui me fait peur, ce n’est pas de perdre, mais de décevoir la France», confiait-il avant le tournoi olympique.

Dany Dann, qui compte plus de 30 000 abonnés sur Instagram, se décrit comme un «joker», «un peu foufou», qui «ose faire les choses». Pour décrire son style, il met en avant sa «musicalité» et son «explosivité». Sa danse «est à l’image de sa personnalité, il a un vécu, il danse avec ses tripes, beaucoup à l’instinct et avec une forme d’instantanéité», dit Omar Remichi. «Il a une histoire, des racines et un corps qui s’expriment à travers les « battles ».»

Quand il ne danse pas, Dany Dann retourne à Perpignan auprès de sa femme, Marion, ancienne breakeuse, et de ses deux garçons de six et huit ans, qui préfèrent le football à la danse hip-hop. Après l’argent de B-Boy Dany, derrière le Canadien Phil Wizard, et le titre de la B-Girl japonaise Ami, vendredi, eux et tous les autres représentants de la discipline disent déjà au revoir aux JO. «Peut-être qu’ils vont regretter», balayait l’athlète français avant la compétition.

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