Akram Khan et Israel Galvan confrontent leur art.
Le Sévillan Israel Galvan, auteur d’un flamenco épuré jusqu’à l’os, et le Britannique Akram Khan, dont la danse contemporaine se nourrit du kathak indien, s’affrontent dans un singulier duel dans Torobaka. (Photos : DR)
Chacun est une star internationale dans son domaine : Israel Galvan, 41 ans, a profondément bouleversé le flamenco, avec des spectacles rudes et sans concession, comme Le Réel, où il abordait en 2013 le génocide des tziganes par les nazis. Akram Khan, 40 ans, initié dès l’âge de 8 ans au kathak, une danse traditionnelle du nord de l’Inde, a su, pour sa part, inventer un style fluide et subtil.
Âpreté d’un côté, rondeur de l’autre : la confrontation des deux virtuoses dans l’arène, un grand cercle dessiné au sol, prend tout son sens quand on sait que certains voient dans le kathak indien une origine possible du flamenco. Les deux hommes tournent d’abord lentement dans le cercle, se frôlent, semblent se renifler comme des loups prêts au combat, avant de désamorcer l’agressivité dans une accolade rieuse. L’humour sera constamment présent dans ce spectacle-duel amical, né d’une complicité réelle entre deux hommes.
« Maître, je venais préparé pour un combat de coqs, ou pour celui du serpent et de la mangouste, et nous sommes devenus des moines, deux saints dans le monastère retiré de la danse », écrit Israel Galvan à propos du spectacle créé à Grenoble où les deux artistes ont travaillé en résidence, avant de partir en tournée internationale (Amsterdam et Séville en février, Luxembourg et Athènes en mars…).
Les danseurs sont soutenus par cinq musiciens, percussionnistes ou chanteurs de polyphonies espagnoles, basques ou italiennes, dont le chant s’élève comme une incantation. Comme les danseurs, les musiciens ont mêlé leur art : côté flamenco, « Bobote », voix rauque et gouaille inimitable, de l’autre côté B.C Manjunath, virtuose de la percussion classique indienne, et deux chanteurs, David Azurza et Christine Leboutte. Tantôt ensemble, tantôt en solo, Akram Khan et Israel Galvan métissent leur art au contact de l’autre et offrent parfois un pur instant de poésie, comme lorsqu’ils avancent l’un derrière l’autre, comme une divinité indienne à un seul corps et quatre bras.
Le Quotidien
Le spectacle « Torobaka » sera au Grand Théâtre (Luxembourg) les 5 et 6 mars prochains.