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[Danse] La série Move! était au Luxembourg


Mercredi et jeudi, au parc des trois glands, Sylvia Camarda était en plein tournage de sa série Move! pour ARTE (Photo: le Quotidien)

Sylvia Camarda, la danseuse et chorégraphe luxembourgeoise, a fait ses premiers pas comme présentatrice pour la série documentaire Move! diffusée sur ARTE. Mercredi et hier, avec son équipe, elle tournait les trois derniers épisodes, au Luxembourg. Rencontre.

Ici, au Luxembourg, elle est chez elle. Sylvia Camarda, danseuse et chorégraphe émérite, était de retour au pays mercredi et hier pour tourner les trois derniers volets de sa série Move! qu’elle présente pour la chaîne de télévision franco-allemande ARTE. Pour chaque épisode, un lieu, une thématique. Au Mudam, le «voilage», ou comment explorer le voile de la burka au Burlesque en passant par la combinaison intégrale.

Au parc des Trois-Glands, «voler» – «dans les airs» précise-t-elle –, l’occasion de braver les éléments et «de montrer les magnifiques paysages luxembourgeois», grâce à des images tournées au drone, par Philippe Dondelinger. À la Banannefabrik, les «liquides», l’eau notamment, mais pas seulement. Car on parle aussi de liquides corporels, entre autres de transpiration, d’urine, de sang, de larmes.

Dans la salle de danse aux murs entièrement noirs, seuls quelques éclairages permettent de voir la scène tournée pour la série. Quatre corps s’agitent, avec grâce. Près d’eux, un arrosoir vert. Ils jouent de l’eau déversée au sol, de leurs corps. Ils dansent, glissent, sautent et improvisent. Ils discutent, se questionnent. Une invitation à la réflexion. «Pourquoi les enfants et les danseurs aiment-ils tant l’eau?», «parce que ça nous rappelle le ventre de maman…» ou bien «parce c’est un élément qui n’est pas maîtrisable».

Mais encore : «Pourquoi avons-nous honte de notre transpiration?», «parce que la société nous y oblige, nous renvoyant à notre saleté». Leurs voix douces résonnent et accompagnent le son de l’eau, des gouttes, des claquements de pieds, des frottements de peau, vêtements mouillés.

La caméra cesse de tourner, Sylvia Camarda sort de son rôle de présentatrice, et se livre. Elle a sans aucun doute su tirer de nombreux enseignements des rencontres artistiques qu’elle a faites tout au long de sa carrière. Elle a travaillé aux côtés de grands noms de la danse contemporaine. Ils ont contribué à forger l’artiste qu’elle est devenue, et influencent encore son travail.

Une suite envisagée
Elle explique : «Pour l’épisode des « liquides », j’ai rencontré Franco Dragone, avec qui j’ai travaillé il y a quelques années pour le Cirque du Soleil, et Jan Fabre – chorégraphe et metteur en scène belge très controversé – évidemment. Ils ont tous les deux créé des œuvres sur cette thématique. L’un avec son spectacle O et l’autre avec Je suis sang, par exemple.»

Pour produire la série, «il était nécessaire de faire des choix. Lena Kupatz (NDLR : la réalisatrice de la série documentaire) et moi-même avons fait ces choix en fonction de nos sensibilités mais aussi de l’actualité.

Nous voulons montrer que la danse contemporaine n’est pas uniquement réservée à l’élite, qu’elle touche tout le monde et à tout, à chaque aspect de nos vies respectives. On parle mieux avec son corps, qu’avec des mots. Il est plus révélateur qu’on ne le croit.» Véritablement passionnée par son métier, Sylvia Camarda a à cœur de «donner envie aux gens de comprendre la discipline, d’amener le téléspectateur à découvrir d’autres points de vue».
Selon elle, «la danse est partout, parce que l’expression corporelle n’est pas réservée qu’aux danseurs. C’est un langage universel, le langage de tous». Un langage que la chorégraphe a choisi de révéler avec son émission culturelle Move! Mais alors, y en aura-t-il d’autres?

Visiblement, la danseuse et chorégraphe a pris goût à sa nouvelle vie de présentatrice. Elle raconte ses débuts : «Pour le premier épisode, j’étais vraiment très stressée. C’était une première pour moi! En plus, j’interviens comme présentatrice, mais je suis aussi chargée de faire les traductions, et le commentaire sur images.

C’est un vrai métier pour lequel je n’étais pas formée… Il m’est arrivé d’être tétanisée parfois. Je me souviens d’une scène à Paris que l’on avait dû tourner une dizaine de fois. Et plus on essayait, plus j’étais tétanisée! Mais je crois que je m’améliore au fil des épisodes (elle rit), enfin j’espère! En fait, j’apprends beaucoup sur le terrain.»

Une série de six épisodes supplémentaires est donc en cours de discussion avec la chaîne, pour le plus grand plaisir de Sylvia Camarda, toujours partante pour de nouveaux challenges : «C’est une chance incroyable que de travailler pour ARTE. Et je suis ravie d’être en quelque sorte, l’ambassadrice du Luxembourg. En plus, la chaîne m’encourage vivement à défendre cette identité.

C’est important pour moi de dire que je suis luxembourgeoise. Par exemple, on ne me demande pas de gommer mon accent luxembourgeois. Je suis très fière de représenter mon pays.»
Les trois épisodes tournés au Luxembourg devraient être diffusés à l’automne 2017, selon Lena Kupatz. Trois nouveaux volets de 26 minutes qui devraient faire rayonner le Grand-Duché…

Sarah Melis