Le leader du groupe Nirvana, icône du punk rock américain des années 90, est ressuscité 20 ans après sa mort dans Montage of Heck, un documentaire évènement de Brett Morgen. À découvrir jeudi à 20h, en projection unique, au complexe Utopolis d’Esch-Belval.
Rongé par l’héroïne et une dépression chronique, Kurt Cobain était loin de la paix promise au nirvana et pensait au suicide depuis l’adolescence. Un mois avant sa mort, il avait déjà attenté à sa vie en absorbant une surdose de Rohypnol dans un grand hôtel de Rome où il avait rejoint son épouse Courtney Love, toxicomane également et leur petite fille de 20 mois, Frances.
C’est ce que rappelle le réalisateur américain Brett Morgen, auteur de Crossfire Hurricane, documentaire de 2012 consacré aux cultissimes Rolling Stones. «Littéralement, le titre du film se traduirait par « Montage d’enfer », explique l’Américain, mais je préfère « Montage du n’importe quoi, d’un souvenir effacé, du désordre ».»
Son film se veut «une plongée dans l’intimité» de l’icône de toute une génération. Courtney Love, la veuve de Cobain, qui connaissait son travail, lui a confié les clés d’un entrepôt où était amassé tout ce qu’avait possédé son mari, contenu dans 15 cartons. Elle n’a réclamé aucun contrôle éditorial, assure Brett Morgen.
Des émotions enfermées
Le réalisateur s’est retrouvé du jour au lendemain dépositaire de la mémoire la plus vive de Cobain. Il découvre alors des œuvres que l’artiste avait peintes, des cahiers noircis de textes, confessions, chansons, dessins et notes en tout genre, ses guitares, et même ses chaussures. Il comprend alors sa souffrance morale à la lecture de ses écrits.
Cobain y confesse aussi que ses maux d’estomac chroniques l’ont conduit à «s’automédiquer» avec… de l’héroïne. Brett Morgen tombe aussi sur un carton de cassettes audio mixées par Cobain dont une datée de 1988 «que personne n’avait sans doute jamais écoutée». «J’ai immédiatement senti que c’était l’une des expressions les plus pures de Kurt, plus encore que dans ses chansons. J’ai compris que dans ces cassettes, toutes les facettes de sa personnalité se déployaient. Toutes ses émotions y étaient enfermées.»
Le cinéaste a «tout examiné de façon chronologique» et une fois la totalité des archives passées au crible, il s’est plongé dans l’écriture du scénario qu’il a bouclé en trois heures. «Ça a jailli de moi d’un trait.» Il ne voulait pas solliciter ceux qui avaient fréquenté la star. («Je voulais juste son cercle le plus intime.») «Le fait que sa fille Frances, 22 ans aujourd’hui, ait été impliquée dans le film a donné aux autres membres de la famille une énorme confiance. Tout le monde ressentait une immense responsabilité à l’égard de Frances.»
La fabrication du film a pris deux ans. Il a ensuite fallu régler toutes les questions juridiques posées par le document pour éviter tout litige. Huit ans ont été nécessaires. «Il y a beaucoup de choses à lire entre les lignes dans ce film. C’est clairement un film subjectif, mais je préfère que les spectateurs tirent leurs propres conclusions», note le réalisateur.
Séance unique au Grand-Duché, avant tout le monde
Le document qui utilise des images d’archives laisse parfois un sentiment de malaise, comme de voir le jeune couple «défoncé» qui se filmait avec son bébé de quelques mois. Le film sera diffusé en France, lors d’une projection unique, le 4 mai à 20h dans plus de 100 salles et aux États-Unis, sur la chaîne HBO. Mais il est présenté, une fois n’est pas coutume, d’abord au Grand-Duché.
À partir de la fin avril, il sera présenté dans les salles européennes, sud-américaines, en Nouvelle-Zélande (30 avril) puis en Australie (7 mai) et au Japon (16 juin). Mais à chaque fois, lors de séances uniques.
Le Quotidien