Depuis leur émergence il y a 542 millions d’années, l’évolution tend à rendre les animaux de plus en plus grands, ont montré des chercheurs en étudiant un grand nombre de créatures marines.
Cet accroissement de la taille du corps s’est produit depuis l’apparition des animaux, selon une étude publiée dans la revue « Science ». (Photos : AFP)
Leur taille médiane a augmenté 150 fois pendant cette période, précise Noel Heim, un chercheur à la faculté des sciences environnementales de l’Université de Stanford en Californie, un des co-auteurs de ces travaux parus vendredi dans la revue américaine Science.
« Cela revient à une différence entre un oursin de 2,5 centimètres et un autre de plus de 30 cm, ce qui ne paraît pas énorme mais représente néanmoins un grand saut », ajoute-t-il.
Cette recherche a également déterminé que l’accroissement de la taille du corps s’est produite depuis l’apparition des animaux, selon la collection existante de fossiles dont les plus anciens remontent à 550 millions d’années. « Nous savions déjà que les plus grandes créatures vivantes aujourd’hui sont plus grandes que les plus grandes qui étaient sur la Terre quand la vie a émergé et que les premiers animaux ont évolué », note Jonathan Payne, professeur de paléobiologie à l’Université Stanford, qui a dirigé cette recherche.
En revanche, on ne savait pas si la taille moyenne des animaux avait changé au cours du temps et si cela reflétait une tendance dans l’évolution de la taille du corps, ajoute-t-il.
Ce phénomène ne s’applique pas à toutes les lignées animales, mais surtout à celles qui étaient déjà plus grandes et plus diversifiées au début de l’histoire de l’évolution, selon ces chercheurs. « Pour des raisons que nous ne comprenons pas très bien, les classes animales de grande taille paraissent aussi être celles qui au cours du temps sont devenues les plus diverses », relève le professeur Payne.
> 17 000 groupes ou genres d’animaux marins passés à la loupe
Cette recherche effectuée avec un modèle ordinateur vient conforter la théorie de Cope, du nom du paléontologue du XIXe siècle, selon laquelle en biologie les lignées animales tendent à évoluer vers de plus grandes tailles au cours du temps. Il avait noté que les créatures terrestres comme les chevaux grandissaient au fil des générations.
Les scientifiques avaient déjà tenté de vérifier la thèse de Cope dans d’autres groupes d’animaux mais les conclusions avaient été mitigées. Ainsi, les coraux et les dinosaures semblent confirmer cette théorie mais pas les oiseaux ni les insectes.
En conséquence, certains scientifiques se sont demandés si la tendance constatée chez les animaux terrestres était un phénomène réel de l’évolution ou le fruit du hasard, résultant d’un processus non-sélectif de l’évolution.
Pour vérifier la thèse de Cope, l’équipe du professeur Payne l’a appliquée via des banques de données à plus de 17 000 groupes ou genres d’animaux marins englobant cinq lignées majeures, dont les arthropodes, les brachiopode et les mollusques, au cours des 542 millions d’années. Ces chercheurs ont ainsi couvert près de 75% de toutes les lignées marines représentées dans les fossiles et 60% de tous les animaux connus ayant vécu sur la planète.
AFP