Le Premier ministre centriste lituanien Saulius Skvernelis a essuyé mercredi une pluie de critiques pour avoir formé un gouvernement composé uniquement d’hommes, des ONG de défense des droits des femmes dénonçant un cas unique actuellement dans l’Union européenne.
Le député Kestutis Mazeika a été nommé mercredi ministre de l’Environnement, dernier poste vacant depuis plusieurs mois dans le gouvernement de ce pays de 2,9 millions d’habitants. En début d’année, lors d’un précédent remaniement, deux ministres femmes avaient été remplacées par deux hommes.
« C’est scandaleux », a déclaré Viktorija Cmilyte-Nielsen, cheffe de l’opposition. « Quatorze ministre hommes ce n’est pas un hasard. Si on jouait à pile ou face quatorze fois de suite, on n’aurait probablement pas le même résultat ». L’inégalité des sexes est toujours présente dans le pays, selon elle, citant notamment l’offre insuffisante en matière de garde d’enfants et les stéréotypes d’une société fortement patriarcale. Kazimira Prunskiene a été la première cheffe du gouvernement de Lituanie après la déclaration d’indépendance de l’Union soviétique en 1990, et Dalia Grybauskaite est la présidente du pays depuis 2009.
« Déficit démocratique »
Mais, pour la cheffe de l’opposition, cela n’empêche pas que « les hommes dominent le processus décisionnel ». Actuellement, 29 femmes siègent au Parlement lituanien, contre 112 hommes. Selon des données compilées par l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), une ONG de Vilnius, la Lituanie fait actuellement exception dans l’UE, avec aucune femme à un poste de ministre de plein exercice. « La Lituanie compte de nombreuses femmes hautement qualifiées mais aucune d’entre elles n’a été choisie pour être ministre. C’est la preuve d’un déficit démocratique », a déclaré Virginija Langbakk, directrice de l’Institut.
« Le Premier ministre tient compte du professionnalisme et non du sexe lorsqu’il choisit des candidats », a répliqué Tomas Berzinskas, porte-parole du chef du gouvernement, ajoutant que de nombreuses femmes occupaient des postes de vice-ministre et d’autres postes de responsabilité. Nommé Premier ministre en 2016 et ancien chef de la police nationale, Saulius Skvernelis se présentera à la présidentielle les 12 et 26 mai. Des sondages le placent derrière l’économiste indépendant Gitanas Nauseda et l’ex-ministre des Finances conservatrice Ingrida Simonyte, seule femme candidate.
LQ/AFP