Cette semaine, on a regardé Lupin, incarné par Omar Sy dans la série diffusée sur la plateforme Netflix. Au vol !
Trois, quatre… «C’est le plus grand des voleurs / Oui, mais c’est un gentleman / Il s’empare de vos valeurs / Sans vous menacer d’une arme». Oui, pour les plus anciens, la meilleure adaptation des aventures d’Arsène Lupin restera celle avec Georges Descrières, élégant voleur qui n’en avait pas l’air, dérobant les plus aisés sur la musique d’un autre dandy, Jacques Dutronc. Une délicieuse série datant de l’ORTF, à l’époque où il fallait se lever du canapé pour zapper… Les plus jeunes, eux, invoqueront sûrement la belle réussite signée Takashi Yamazaki (Lupin III : The First, 2019), l’un des derniers avatars mettant à l’honneur le personnage imaginé par l’auteur Maurice Leblanc en 1905.
C’est un fait : depuis plus d’un siècle, le fameux cambrioleur, comme son confrère britannique Sherlock Holmes, ne séduit pas que les femmes à bijoux mais aussi tout un tas de cinéastes plus ou moins inspirés. Dans ses incarnations les plus diverses, on trouve ainsi Max Linder, Robert Lamoureux, Jean-Claude Brialy ou encore Romain Duris, chacun cherchant à rivaliser dans le port du monocle et du chapeau haut de forme. Ce n’est pas le cas d’Omar Sy, dernier prétendant à faire des tours de passe-passe de Paris à Étretat. D’ailleurs, le sous-titre de la série – Dans l’ombre d’Arsène – précise d’emblée que l’on n’est pas ici dans une réincarnation pure, mais plutôt dans un emprunt.
On découvre ainsi un certain Assane Diop, adolescent admirateur d’Arsène Lupin depuis que son père lui a mis tous les livres entre les mains. D’origine sénégalaise, ce dernier voit la lecture comme un outil d’intégration, mais son érudition et son savoir-vivre ne suffisent pas à le protéger d’une accusation de vol (du collier de Marie-Antoinette) de la part de ses riches employeurs. Diffamation, manipulation, prison, suicide… Le jeune garçon se retrouve seul et en colère. Mais comme la vengeance est un plat qui se mange froid, il attend vingt-cinq ans pour laver la mémoire de son paternel. Cela dit, depuis tout ce temps, il a appris l’art de l’arnaque, la science du déguisement et les subtilités de Wikipédia, ce qui est quand même plus pratique quand on s’attaque aux puissants…
Tout n’est qu’une risible accumulation de grosses ficelles et de caricatures
Nouvelle série française estampillée Netflix, Lupin oublie la discrétion du bandit et débarque sur le petit écran dans de gros bruits de bottes, au point d’intégrer le top 10 de la plateforme aux États-Unis – il faut dire qu’Omar Sy s’y est installé, menant depuis Hollywood une carrière honorable. Précisons aussi qu’à la réalisation, on trouve Louis Leterrier (L’Incroyable Hulk, Le Transporteur, Le Choc des Titans, Insaisissables), ce qui n’augure rien de bon. Malheureusement, dès les premières minutes de ces cinq premiers épisodes (cinq autres doivent suivre pour clôturer la première saison), l’impression se confirme : Arsène Lupin se prend les pieds dans la cape. Magistralement même !
Car en dehors de la seule bonne idée à défendre – l’importance de la transmission entre générations –, tout n’est ici qu’une risible accumulation de grosses ficelles et de caricatures. Le rythme est poussif, les dialogues sonnent creux, et l’écho rebondit jusqu’aux personnages que le scénariste n’a pas épargnés : parmi ces figures ridicules, on trouve un bourgeois beauf et rance; sa fille qui descend les escaliers du Louvre comme dans une publicité pour un parfum; une journaliste engagée qui a appelé son chien J’accuse et parle à tout bout de champ du «grand capital»; des gangsters sans épaisseur style GTA, sans oublier toute une galerie savoureuse de policiers, qui ne trouveraient pas un éléphant dans un placard – avec une mention spéciale au capitaine Laugier, parent éloigné de Jean-Paul Rouve en mode Jeff Tuche.
Mais le plus triste dans tout ça, c’est que Lupin, contrairement à son héros qui brouille toutes les pistes, n’amène à aucune forme de réflexion – ce qui est plutôt ballot pour un thriller. Tout est couru d’avance, et le spectateur, l’œil livide et le pop-corn à la main, laisse son cerveau au vestiaire. Difficile, à ce stade, de comprendre le succès d’une série qui aurait largement sa place sur TF1, entre les prometteurs Le Remplaçant et Une affaire française. Après d’autres francs loupés «made in France», comme l’éminent Marseille, Netflix confirme au moins une chose : l’exception française, ce serait surtout montrer ce qu’il ne faut pas faire.
Grégory Cimatti
Eh bien, encore une fois… La critique est facile et dur… Mais comme tout bon film ou série qui se respecte, a chaque fois que la critique était mauvaise, le film ou la série cartonait.. Donc je pense qu’il faut que la personne derrière sa critique change de métier. ( woaw, c’est vrai que j’ai facile aussi a faire une critique je pense que je vais me lancer dans le business)
Si vous voulez lire des critiques, il faut lire le post de lupin sur la page de netflix… J’ai 35ans et j’ai trouvé cat, charmant, drole, émotif, futé, gentil, triste.. Une belle sauce d émotion et de divertissement.